Le libre-échange, une opportunité

Younes Zrikem, président de l’Association marocaine des exportateurs, dresse les aspects positifs de l’ouverture économique du royaume chérifien.

Publié le 29 juin 2011 Lecture : 3 minutes.

Maroc : un business plan africain
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Maroc : un business plan africain

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Depuis le milieu des années 1990, le Maroc s’est engagé dans une ambitieuse démarche d’ouverture de ses frontières commerciales. De nombreux traités de libre-échange sont ainsi entrés en vigueur : accord d’Agadir (Jordanie, Tunisie, Égypte en 2007), États-Unis (2006), Turquie (2006), ainsi qu’un accord d’association avec l’Union ­européenne (UE) en 2000. Depuis, des voix s’élèvent régulièrement pour dénoncer les consé­quences de ces accords sur notre économie. Ils seraient, dans l’ensemble – bien que certains de nos partenaires soient plus visés que d’autres –, à l’origine de la dégradation de notre balance commerciale et de la disparition d’une partie de notre tissu productif. Au rebours de cette vision trop simpliste, il me semble que les exportateurs marocains ont beaucoup à gagner de ces accords, sous certaines conditions.

Il s’agit tout d’abord de s’assurer que les règles du jeu du commerce international, notamment en matière de barrières non tarifaires, sont respectées par nos partenaires. Cet enga­gement doit être réciproque et ne souffrir aucune exception. Les difficultés ren­contrées un temps par nos exportations de voitures sur les marchés tunisien et égyptien ont finalement été résolues, mais grâce à des interventions politiques répétées. De telles situations ne doivent pas se reproduire.

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Un effort conjoint des pouvoirs publics et des opérateurs privés doit aussi être porté sur le renforcement de la compétitivité de notre outil exportateur. Trop peu diversifiées, avec une valeur ajoutée et un savoir-faire limités, nos exportations souffrent d’un déficit d’offre. Les stratégies nationales engagées ces dernières années (Émergence, Maroc Vert, Maroc Export Plus…) devraient permettre d’y remédier et d’accroître l’investissement public et privé dans le tissu productif exportateur. Les infrastructures et les relais logistiques comme le port de Tanger Med devraient, en principe, assurer un meilleur accès aux marchés de destination. Enfin, une politique de promotion volontariste et dotée de moyens substantiels commence déjà à produire des effets, notamment sur les marchés africains.

Nos relations avec l’Union européenne méritent également que l’on s’y arrête. De loin le premier partenaire économique du Maroc, elle représente plus de la moitié de nos échanges commerciaux. En octobre 2008, dans une déclaration commune, les Européens ont accordé au Maroc le statut avancé. « Plus et mieux que l’association et un peu moins que l’adhésion », celui-ci offre au Maroc la perspective de converger vers l’acquis communautaire et de participer ainsi au marché unique européen. Cependant, tout en engageant ce chantier réglementaire et légal, le Maroc et l’UE devaient conclure au préalable deux accords : l’un sur l’agriculture ; l’autre sur les services. Le premier est en cours de ratification par le Parlement européen ; le second reste à négocier.

Du point de vue des exportateurs marocains, nous devons avouer notre incompréhension quant au traitement infligé à l’accord agricole par certains eurodéputés. Négocié âprement pendant près de trois ans, conclu en décembre 2009 et ratifié par le Conseil des ministres des États membres en décembre 2010, il est bloqué au Parlement européen et subit des critiques infondées et particulièrement agressives. Cela alors que la balance commerciale agroalimentaire entre le Maroc et l’UE est structurellement favorable à cette dernière et que les concessions accordées aux exportations marocaines sont minimes ! Cet accord enregistre ainsi un retard important dans sa mise en œuvre. Nous demandons donc qu’il soit ratifié au plus vite par le Parlement européen pour pouvoir aborder sereinement les négociations sur les services et évoluer ensuite vers la définition du contenu concret du statut avancé. C’est ainsi que nous concevons le partenariat entre le Maroc et l’Union européenne.

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