Abdellatif Maazouz : « L’expérience du Maroc intéresse ses voisins »

Le ministre du Commerce extérieur fait le point sur les performances du royaume et sur les mesures envisagées pour accroître les exportations, en particulier à destination du continent.

Pour Abdellatif Maazouz, il faut « stimuler l’entrepreneuriat par la concurrence extérieure ». © Hassan Ouazzani pour J.A.

Pour Abdellatif Maazouz, il faut « stimuler l’entrepreneuriat par la concurrence extérieure ». © Hassan Ouazzani pour J.A.

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 29 juin 2011 Lecture : 3 minutes.

Maroc : un business plan africain
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Maroc : un business plan africain

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Jeune Afrique : Pouvez-vous commenter les performances du Maroc à l’exportation en 2010 ?

Abdellatif Maazouz : L’année 2010 a été excellente ! Nos exportations de marchandises ont progressé de presque 31 % et les exportations globales, avec les services, de 19,4 %. Il est vrai que les phosphates et dérivés ont généré des bénéfices importants, mais ce secteur mis à part, nous avons atteint une croissance de 18,5 %. On constate aussi une évolution de la structure de nos exportations, aussi bien en termes de secteurs que de marchés : les industries automobile, électrique, pharmaceutique, l’industrie et les services aéronautiques et l’offshoring, secteurs émergents de l’économie marocaine, prennent de l’ampleur dans nos exportations. Nos marchés aussi se diversifient : l’Asie, l’Amérique latine et particulièrement l’Afrique commencent à prendre de l’importance par rapport à il y a quatre ou cinq ans. C’est un moyen de sécuriser nos exportations, mais aussi de proposer des produits spécifiques sur des marchés de niche.

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Depuis quelques années, les entreprises marocaines ont engagé une offensive sur le continent africain…

Je tiens à souligner que, au plus haut niveau, le Maroc a une stratégie de rapprochement et de coopération à long terme avec les pays amis du continent : nous ne cherchons pas à saisir des occasions à court terme. L’exportation ne doit pas seulement être vue comme un échange de marchandises mais comme du codéveloppement : nous sommes dans une nouvelle phase du commerce Sud-Sud. L’effort que nous sommes en train de déployer pour notre pays, nous voulons le partager avec nos amis et voisins. C’est un schéma sur lequel il nous faut de plus en plus travailler, pour tirer le développement du Sud et dépasser certains problèmes de société que nous vivons aujourd’hui, comme l’émigration.

En quoi l’exemple marocain peut-il aider les autres pays du continent ?

L’expérience du Maroc intéresse nos voisins : c’est un pays proche, ils constatent le chemin accompli en dix ans et se disent qu’une telle stratégie réussirait bien mieux chez eux que des modèles plus complexes et lointains. Nous comptons vraiment développer la chaîne Sud-Sud : nous voulons que notre modèle de développement soit un levier également pour nos voisins. Par exemple en termes de production en effectuant une première transformation chez nous et la finition en Afrique subsaharienne pour distribuer dans la zone. Ainsi, les précédentes « caravanes de l’export » ont déjà enfanté des investissements marocains : des entreprises sont allées s’installer dans des pays comme le Mali, le Sénégal ou la Guinée pour en faire des relais de production et de diffusion dans la région. 

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Comment l’État assiste-t-il les entreprises exportatrices ou potentiellement exportatrices ?

Nous n’avons pas assez d’entreprises internationalisées ; c’est notre principale faiblesse. Nous travaillons énormément là-dessus, avec des résultats : en 2010, le nombre de ces sociétés a augmenté trois fois plus que sur les six dernières années. S’agissant des entreprises déjà exportatrices, nous voulons les inciter à exporter davantage encore, en les accompagnant par des actions de communication, par la recherche de marchés, par des prises de contacts, ce qui, tout en leur ouvrant des portes, leur fera économiser des frais d’établissement importants.

Principaux clients du Maroc en Afrique

Tunisie (19e rang de ses partenaires à l’export),

Algérie (20e)

Égypte (25e)

Guinée équatoriale (26e)

Sénégal (27e)

(Source : ministère du Commerce extérieur, pour l’année 2010)

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Pour les entreprises qui n’exportent pas régulièrement ou qui débutent dans ce domaine, l’idée est de les structurer aussi bien en matière de ressources humaines que de planification stratégique et marketing. La formation est très importante, et nous sommes en train de mettre en place un programme universitaire consacré à l’internationalisation des entreprises. Cette année, nous avons également réservé une enveloppe budgétaire destinée à l’accompagnement des entreprises qui veulent s’installer dans les pays d’Afrique subsaharienne, soit en tant qu’investisseurs, soit en tant que plateformes de distribution. Nous voulons également les accompagner dans leurs premières opérations internationales à travers des actions de promotion, dans des événements sectoriels, dans des actions B to B [business to business], comme nous le faisons avec les « caravanes de l’export ».

Enfin, nous allons jusqu’à contacter de grands clients et inciter les importateurs étrangers à venir s’approvisionner au Maroc. Nous avons en effet remarqué.

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Propos recueillis par Laurent de Saint Périer.

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