Sally Nyolo : du Cameroun et d’ailleurs
Sally Nyolo, l’ex-chanteuse de Zap Mama, sort son sixième album solo. Et réinterprète les rythmes traditionnels de son pays.
C’est sur l’une des sept collines verdoyantes qui surplombent Yaoundé, au milieu des chants d’oiseaux, que la Franco-Camerounaise Sally Nyolo a installé son studio et enregistré en partie son nouvel album La Nuit à Fébé. Sixième pépite en solo après son départ du groupe féminin Zap Mama, il dévoile, au fil de ses treize plages, son rôle de bâtisseuse de ponts entre les continents. Si elle marque bien un certain retour aux sources, « une opération de reconquête d’une partie de [son] être », La Nuit à Fébé symbolise aussi le désir de la chanteuse de garder intacte son appartenance à une double culture, qu’elle alimente de diverses manières, et notamment par les langues.
Ainsi, au fil de l’album, passe-t-elle harmonieusement de l’éton (sa langue maternelle) au français, et, dans une moindre mesure, à l’anglais. Cette posture de l’entre-deux s’impose d’un titre à l’autre. Sally mêle bikutsi ou assiko, des rythmes emblématiques du Cameroun de son enfance, bruits de la forêt ou de cours d’eau et brins de musiques actuelles. Le pont est donc bien présent, entre les traditions polyphoniques et polyrythmiques camerounaises, et les musiques d’ailleurs.
La vie de l’artiste est faite de rencontres et de partage.
En somme, il est question d’univers fantastiques partagés, de traditions mélangées, de cultures multiples. Si La Nuit à Fébé convoque l’imaginaire, il fait aussi référence à un village bien réel, que l’artiste redécouvre avec le recul de l’adulte et l’émerveillement de l’enfant. « Parfois, seul un feu de bois crépitait, déclare-t-elle. On se cachait tant bien que mal des insectes qui attaquaient. J’écoutais et essayais de transcender tout cela en musique. » Sally Nyolo confesse que l’album est né de sa rencontre avec un instrument, le mendjang, sorte de balafon traditionnel qu’elle pare de mille vertus et utilise comme fil conducteur. Résultat, sans se ressembler, les morceaux ont une couleur identique.
Parce que, selon Sally Nyolo, « la vie de l’artiste est faite de rencontres et de partage », La Nuit à Fébé réunit le chanteur d’assiko Robert Ngwé, les écrivains Philippe Paya Will et Blaise N’Djehoya, le compositeur et saxophoniste David Murray. Mais on retrouve aussi la griffe du batteur ivoirien Paco Séry (Sixun), les voix de Guizmo (Tryo), de FloW ou d’Amadou Baka.
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