Tendance : la fibre « corporate »

Internet mobile, vidéoconférence, stockage de données… Confrontés à la limite des offres grand public, les opérateurs lorgnent de plus en plus le créneau des services aux entreprises. Un marché d’avenir.

La fibre optique est essentielle au développement de services plus performants et innovants. © AFP

La fibre optique est essentielle au développement de services plus performants et innovants. © AFP

Julien_Clemencot

Publié le 21 juin 2011 Lecture : 4 minutes.

Télécoms : la fibre « corporate »
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Télécoms : la fibre « corporate »

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Au grand dam des opérateurs, l’utilisation d’internet sur téléphone mobile ne parvient pas à décoller en Afrique. À Bamako, Lomé ou Dakar, l’usage des portables se résume souvent à des appels classiques et à l’envoi de SMS. Même au Maghreb, l’accès aux e-mails ou au web via son téléphone n’est pas encore très répandu. Si la rentabilité du secteur reste bonne, aucun service à valeur ajoutée ne semble pouvoir véritablement émerger à court terme sur le créneau du grand public.

En revanche, la montée en puissance des échanges de données par les entreprises, via des réseaux fixe ou mobile, offre de nouvelles perspectives aux ténors du secteur. « L’intérêt pour la clientèle professionnelle n’est pas récent. Du fait de la structure du marché, d’abord basé sur des consommations prépayées, et compte tenu de l’importance du secteur informel, c’est une clientèle que nous touchons traditionnellement à travers des offres grand public », détaille Christophe Fresnel, responsable des services aux entreprises pour l’Afrique au sein de France Télécom. 

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Interconnexions

Ces dernières années, l’engouement des multinationales pour le continent et l’émergence de nouveaux acteurs économiques panafricains ont changé la donne. Entre 2003 et 2010, les investissements directs en Afrique ont bondi de 87 % ; ils pourraient atteindre 100 milliards d’euros en 2015, d’après le cabinet Ernst & Young. Autant de projets qui nécessitent des réseaux de communication toujours plus performants et innovants, qu’il s’agisse d’offrir un accès à internet via une clé 3G ou d’interconnecter une plateforme pétrolière ou des agences bancaires à un siège africain.

« Dans un environnement globalisé, il n’y a pas de différence fondamentale entre les attentes des grandes entreprises africaines ou européennes », souligne Christophe Fresnel. Comme dans les pays du Nord, les sociétés privilégient les communications via internet. « Des appels quasiment gratuits, alors qu’une minute entre la Côte d’Ivoire et le Niger coûte 30 centimes d’euros via un réseau public », explique Louis Diakité, PDG de l’opérateur panafricain Alink Télécom.

Selon le cabinet Delta Partners, le marché africain des services consacrés aux entreprises devrait passer d’environ 1,9 milliard d’euros en 2010 à près de 3 milliards en 2015. Pour exemple, le groupe Ecobank, présent dans 29 pays, dépenserait environ 35 millions d’euros par an pour son réseau de communications. « Pour une même société, on constate des besoins en internet en hausse de 20 % à 30 % par an », illustre Louis Diakité.

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 Vidéoconférence

En cause, la convergence entre les communications vocales et les liaisons informatiques, mais aussi le recours de plus en plus fréquent – et sur plusieurs sites – à des logiciels de gestion de la relation clients ou de gestion planifiée. Parmi les dernières tendances, la mise en place de services de vidéoconférence, une solution envisagée par exemple par Bicici, filiale ivoirienne du groupe BNP Paribas. Ces services combinent souvent l’utilisation de satellites – en dehors des grandes villes –, de réseau mobile et de fibre optique. Autre évolution : le développement du cloud computing, c’est-à-dire le stockage de données et la mise à disposition d’applications hébergées sur des serveurs distants.

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Sur ce créneau des services aux entreprises, les opérateurs historiques disposent d’un double avantage par rapport à des acteurs comme MTN ou Globacom. Souvent, ils possèdent des licences fixe, mobile et internet d’une part, et des infrastructures alliant fibre optique, réseau mobile et accès aux câbles sous-marins d’autre part. C’est le cas par exemple de Tunisie Télécom qui, fin 2010, annonçait réaliser 30 % de son chiffre d’affaires avec la clientèle d’entreprises. Ou encore du groupe France Télécom, qui s’appuie sur ses filiales africaines pour proposer des offres aux PME (en moyenne 10 % de son chiffre d’affaires en Afrique subsaharienne) et sur sa branche Orange Business Services pour satisfaire les grandes entreprises.

Mais pour certains observateurs, les opérateurs télécoms ne sont pas les mieux placés pour jouer les premiers rôles sur ce marché qui fait appel à plusieurs compétences, dont celles liées aux nouvelles technologies. Face à eux, un certain nombre d’« intégrateurs », comme Alink Télécom ou Afinis Communications (né récemment du rapprochement des opérations africaines de Monaco Télécom), se sont déjà positionnés. « Notre objectif est de proposer plus que de simples connexions, par exemple en fournissant des applications basées sur le cloud computing », explique Louis Diakité. De même, des spécialistes de taille mondiale comme l’indien Tata Communications ou l’américain Verizon se positionnent eux aussi, en solo ou en association avec des partenaires locaux, sur le marché africain des services aux entreprises.

Conscients de leurs lacunes, plusieurs opérateurs ont initié une vague de concentration depuis trois ans, en prenant le contrôle de fournisseurs d’accès à internet, de spécialistes des liaisons satellitaires ou de sociétés de services informatiques. C’est le cas du sud-africain Telkom, qui a fusionné ses acquisitions pour créer l’intégrateur iWayAfrica en 2009, ou de Vodacom, propriétaire depuis 2008 de Gateway Communications, pionnier des services aux entreprises. Sans oublier la prise de contrôle, l’an dernier, du sud-africain Dimension Data (ingénierie informatique) par le japonais NTT, pour 2,4 milliards d’euros. Une stratégie de croissance externe qui pourrait aussi séduire le groupe France Télécom.

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