Afrique du Sud : Albertina Sisulu, avec les honneurs
Figure de la lutte antiapartheid et amie de Nelson Mandela, « Ma Sisulu » est morte, le 2 juin, à 92 ans. L’Afrique du Sud lui a rendu un hommage ému.
« You strike a woman, you strike a rock. » « Quand vous frappez une femme, vous frappez un roc. » Le 9 août 1956, c’est au rythme de ces mots que 20 000 femmes noires manifestaient dans les rues de Pretoria pour protester contre la loi qui les obligeait à se munir d’un laisser-passer pour se déplacer en ville. À leur tête, Albertina Sisulu. Épouse de Walter Sisulu (l’un des piliers du Congrès national africain – ANC, aujourd’hui au pouvoir), amie de l’ancien président Nelson Mandela, figure de la lutte contre l’apartheid, Albertina Sisulu s’est éteinte le 2 juin, à 92 ans. L’Afrique du Sud lui a rendu un hommage national. Le pays « restera éternellement reconnaissant et endetté envers ce pilier de la libération », a déclaré le président Jacob Zuma.
Avec la disparition de « Ma Sisulu », comme l’appelaient affectueusement ses compatriotes, c’est une page de l’ère postapartheid qui se tourne. Albertina Sisulu avait activement participé à la résistance contre le régime ségrégationniste, faisant l’objet de nombreuses interdictions administratives et arrestations.
Rien ne l’avait préparée pourtant pour cette vie de militantisme politique. Née en 1918 dans une famille pauvre de la région du Transkei, elle perd tôt ses parents et doit interrompre ses études pour s’occuper de ses frères et sœurs. C’est à Johannesburg, où elle va finalement suivre une formation d’infirmière, dans les années 1940, qu’elle rencontre son futur mari, Walter Sisulu. Nelson Mandela est l’un des témoins du mariage.
Robben Island
Avec Walter, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Il est régulièrement arrêté, puis condamné, en 1964, à la prison à vie. Incarcéré à Robben Island aux côtés de Mandela, il n’est libéré qu’en 1989 et décède en 2003. Pendant toutes ces années, Albertina milite au sein de la Fédération des femmes sud-africaines pour la cause des femmes et des enfants. Dans les années 1980, elle se rend en Europe et aux États-Unis pour rencontrer les dirigeants politiques occidentaux à qui elle demande de faire pression sur le régime d’apartheid.
En 1994, Albertina Sisulu siège au Parlement issu des premières élections démocratiques, avant de se retirer de la vie publique. Très écoutée, elle n’hésitait pas à critiquer la dégradation des mœurs politiques… Ironie de l’Histoire, elle est, selon la BBC, décédée en regardant un reportage télévisé sur les chamailleries qui opposent les dirigeants de l’ANC dans la province du Kwazulu-Natal.
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