La crise burkinabè vue de Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire suit avec attention – mais sans trop d’inquiétudes – les soubresauts qui agitent le voisin burkinabè.

Publié le 20 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

« La crise burkinabè, on l’a suivie de près, mais sans en faire des tonnes, déclare un journaliste ivoirien. La presse internationale en a fait suffisamment. » Et quand on lui oppose que jamais le Burkina n’avait connu une telle crise militaire, il se contente de répondre que tous les pays, à un moment ou à un autre de leur histoire, passent par des moments de troubles.

En Côte d’Ivoire, cette idée est largement partagée. La presse locale, encore dans l’euphorie de la prestation de serment du président Alassane Ouattara, s’est contentée de quelques entrefilets sur les mutineries et de courtes analyses sur la longévité au pouvoir du chef de l’État burkinabè. Il faut dire que les relations entre les deux pays sont au beau fixe depuis la chute de l’ex-président Gbagbo, et qu’on a ici le sentiment que relayer le trouble dans la maison du voisin s’apparenterait à un acte de trahison.

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Intervention musclée

Dans la communauté burkinabè, en revanche, le sujet a été largement commenté. On se rappelle d’un certain 24 décembre 1999, où une mutinerie dans l’armée ivoirienne a abouti à l’éviction d’Henri Konan Bédié et à la transition militaire. Tout en se disant que ce scénario est « impossible » dans le pays de Blaise Compaoré.

Joseph Simporé est un entrepreneur burkinabè installé à Abidjan. Comme nombre de ses compatriotes, il a suivi cette crise par coups de fil interposés. Une partie de sa famille vit encore à Ouagadougou et l’a tenu informé de ses moindres développements. Il avoue avoir eu quelques inquiétudes lors de l’intervention musclée des forces spéciales au camp Ouezzin-Coulibaly de Bobo-Dioulasso, tout en supputant qu’il n’y avait pas d’autres solutions. « Ils se sont permis de piller les magasins, de voler des honnêtes gens qui ne cherchent qu’à nourrir leurs familles, alors que c’est contre leur hiérarchie qu’ils ont des griefs. C’est vraiment inadmissible », s’indigne-t-il.

Malgré tout, le business se porte plutôt bien. « Les tirs ne nous ont pas empêchés de faire des affaires, affirme Salimata Diomandé, une commerçante ivoirienne qui importe du beurre de karité du Burkina. J’ai été inquiétée quand les problèmes ont touché Bobo-Dioulasso, mais ça n’a duré que quelques jours, et ma marchandise n’a pas souffert. » « Tant que les frontières entre les deux pays ne sont pas fermées, il n’y a aucun souci », renchérit un commerçant à Korhogo, à quelques heures seulement de la frontière avec le Burkina. 

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Malika Groga-Bada, envoyée spéciale à Abidjan

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