Tunisie : c’est Caïd qui décide
Le Premier ministre Béji Caïd Essebsi a tranché : l’élection de l’Assemblée constituante en Tunisie n’aura pas lieu en juillet, mais le 23 octobre. Un report destiné à mieux préparer le scrutin… et un avenir plein d’incertitudes.
Sauf coup de théâtre, la valse-hésitation à laquelle se livrent depuis plusieurs semaines le gouvernement, les partis politiques et la société civile pour le choix de la date de l’élection d’une Assemblée nationale constituante en Tunisie est terminée. Le 8 juin, lors d’une rencontre clôturant une série de consultations avec les différentes forces en présence, Béji Caïd Essebsi, le Premier ministre par intérim, a tranché : ce sera le 23 octobre.
Désarçonnée
Alors que le gouvernement avait d’abord opté pour le 24 juillet, la Commission électorale indépendante, soutenue par la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, avait fixé la date du 16 octobre afin d’avoir le temps d’organiser un scrutin démocratique et transparent. C’était mal connaître Caïd Essebsi qui, dès sa nomination, a affirmé que lui – et lui seul – prendrait les décisions. Invoquant la « légitimité fonctionnelle » de son gouvernement, il a non seulement annoncé le report du scrutin, mais a de surcroît fait savoir que, d’ici là, il ne voulait plus entendre parler de grèves ou de manifestations. Désarçonnée, la classe politique a fini par s’incliner.
Plusieurs questions essentielles restent en suspens. Au lendemain du vote, l’Assemblée constituante disposera-t-elle des pouvoirs qui lui avaient été initialement conférés, et notamment celui de désigner un nouveau président et un Premier ministre qui seront en fonction pour le restant de la transition ? Sa mission, censée couvrir tout le champ législatif, sera-t-elle limitée, comme le bruit en court, à la seule rédaction de la Constitution pendant une période n’excédant pas six mois ? La liste des personnes inéligibles à la Constituante inclura-t-elle les cadres de l’ancien parti au pouvoir et les collaborateurs de Ben Ali qui ont servi le président déchu pendant vingt-trois ans, comme le demande la Haute Instance ? Ou ceux qui ne l’ont servi que depuis une dizaine d’années, comme le préconise Caïd Essebsi ?
Sur toutes ces questions, l’instance consultative, présidée par Yadh Ben Achour, semble n’avoir ni poids ni pouvoirs réels face à l’exécutif. Peut-être est-elle vouée à disparaître.
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