Fance Ô fait escale en lettres africaines

À l’occasion du festival Étonnants Voyageurs, la chaîne multiculturelle s’intéresse à la transmission de la culture dans les pays de l’oralité.

Publié le 6 juin 2011 Lecture : 3 minutes.

Le 8 juin, l’Afrique sera à l’honneur sur la chaîne multiculturelle France Ô avec deux documentaires consacrés à la littérature africaine*. À l’occasion du festival Étonnants Voyageurs qui se tiendra à Saint-Malo du 11 au 13 juin, la soirée Thématik s’intéressera à la transmission de la culture dans les pays de l’oralité, à travers le portrait du slammeur franco-sénégalais Souleymane Diamanka et celui de l’écrivain et éditeur malien Moussa Konaté. Une soirée qui donne à réfléchir sur les mutations de la littérature dans une Afrique urbanisée.

Ce sujet est au diapason de la thématique d’Étonnants Voyageurs cette année, « Villes mondes, cultures urbaines ». Prenant la parole pour le compte des 3,5 milliards de citadins que compte la planète, les 250 artistes et écrivains invités à la cité malouine auront à cœur de témoigner de l’énergie et de la créativité des mégapoles modernes. « Villes folles, monstrueuses, tentaculaires, en croissance exponentielle, sans plus de centre ni de limites, cratères en éruption où s’invente le monde de demain, dans le tohu-bohu des identités confrontées, mêlées, brisées, réinventées, écrivent les organisateurs du festival. Dans ces cratères en fusion s’invente la littérature de demain, s’entendent des voix nouvelles, se réinventent images et musiques, et jusqu’à l’espace même : une culture-monde. »

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Hip-hop et street art. Cette culture-monde s’exprime à travers des formes traditionnelles comme le roman, la poésie, le cinéma, le théâtre, mais, avant tout urbaine, elle a aussi engendré le hip-hop, le slam, le street art, qui accompagnent une culture numérique en devenir (blogs, web docus…). Ce sont ces nouveaux genres qu’explore la documentariste Emmanuelle Villard dans Les Enfants d’Hampâté Bâ, consacrés à la culture « afropolitaine », selon le néologisme d’Achille Mbembe. À travers la figure emblématique de Souleymane Diamanka, elle s’intéresse à la transmission de la sensibilité et de la sagesse africaine, plus particulièrement peule, dans la parole française contemporaine. Les alexandrins en peul du jeune Diamanka font écho à la riche tradition ancestrale de ses parents qui ont immigré à Bordeaux dans les années 1980, perpétuant ses assonances, ses gravités et ses mystères. « J’ai attendu longtemps que néant s’anime / Que chaque mot trouve sa phrase et que chaque phrase trouve sa rime / Le pays des songes est derrière une grande colline », déclame-t-il.

Une affirmation avec laquelle ne sera certainement pas d’accord le Malien Moussa Konaté. Pour ce romancier, homme de théâtre et éditeur, le pays des songes est dans les livres. Car, comme le dit un proverbe malien qu’il affectionne particulièrement, « celui qui ne lit pas cesse de pousser, ne se fortifie pas et devient handicapé ». C’est parce qu’il est convaincu que « le livre est indispensable à l’épanouissement de l’individu » qu’il a fait le pari de permettre aux enfants de son pays d’accéder à la lecture. Pari en partie réussi grâce à la création prochaine d’une bibliothèque pour la jeunesse dans les locaux des éditions du Figuier, que l’écrivain a fondées il y a quinze ans.

Caroline Puig-Grenetier a suivi Moussa Konaté à travers ses pérégrinations en France et au Mali, partageant avec des enfants et adolescents de Bamako ou de Vénissieux ses rêves puisés dans les livres d’ici et d’ailleurs. Pour qu’ils deviennent, comme l’explique la réalisatrice, « de véritables amateurs de la lecture et de l’écriture, à leur tour ».

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* Lesenfants d’Hampâté Bâ, d’Emmanuelle Villard à 20h35, et Moussa Konaté et les oubliés du livre, de Caroline Puig-Grenetier et Véronique Lhorme à  21h30, le 8 juin, sur France Ô.

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