Guinée équatoriale : le Nzalang Nacional s’offre un « sorcier blanc »
Pour sa première participation à une Coupe d’Afrique des nations de football, le pays coorganisateur espère faire bonne figure. Et compte sur le Français Henri Michel, vieux routier du continent.
Guinée équatoriale : sur le devant de la scène
Le nouveau pari d’Henri Michel n’est pas simple. En acceptant, en décembre dernier, de conduire la sélection nationale équato-guinéenne à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2012, il savait qu’il partait de zéro… Le Nzalang Nacional pointe au 142e rang (sur 202) du dernier classement mondial de la Fifa et n’a jamais participé à une phase finale de la CAN. Succédant au Paraguayen Carlos Diarte, qui lutte contre un cancer, le technicien français de 63 ans a signé un contrat de treize mois, courant jusqu’à la fin de la compétition coorganisée par la Guinée équatoriale et le Gabon. « La mission est de passer le premier tour », déclarait Ruslan Obiang Nsue, secrétaire d’État aux Sports, à l’annonce de la nomination du nouveau sélectionneur.
Pour relever ce défi, l’Aixois s’est installé à Malabo. « Il y a un gros travail à accomplir, et on s’y attelle doucement. On a commencé par dégager un petit noyau de joueurs. On a aussi remarqué qu’il y avait pas mal de binationaux en Espagne. On a élaboré un plan d’action qui court de janvier 2011 à janvier 2012, je vais essayer de m’y tenir », a-t-il déclaré à un magazine spécialisé. Le programme de travail comporte des matchs amicaux de préparation. Depuis qu’il la dirige, la sélection en a remporté deux, contre le Tchad (2-0) et la Gambie (1-0). Mais en compétition officielle, il n’est pas sûr que le miracle se réalise face aux ténors du continent.
On peut s’étonner qu’un pays aussi inexpérimenté accueille le grand événement du football continental. Mais faute d’enthousiasme des « grandes nations », la Confédération africaine de football (CAF) n’hésite plus à confier l’organisation de la CAN à des États prospères, sans égard pour leur niveau de culture footballistique.
Naturalisations
C’est le cas avec la petite Guinée équatoriale. Les stades et autres installations, fraîchement construits ou rénovés, n’attendent que le début de la compétition. Le pays a demandé et obtenu la coopération policière d’États amis comme l’Afrique du Sud. Sur le terrain, il entend développer son potentiel, y compris en se renforçant à travers une politique de naturalisation de joueurs étrangers : le gardien Emmanuel Danilo Clementino Silva (Brésil), les défenseurs Ronan Carolino Falcão (Brésil) et Lawrence Doe (Liberia), le milieu défensif Daniel Ekedo (Nigeria) et, plus récemment, l’attaquant Thierry Fidjeu Tazemeta (Cameroun) ont rejoint l’effectif.
Avec sa longue expérience de joueur et d’entraîneur, Michel pourrait poser les bases du développement à long terme du football en Guinée équatoriale. Son palmarès parle pour lui : formé à Aix-en-Provence, il a joué seize ans pour les canaris du FC Nantes, avec lesquels il a gagné trois titres de champion de France. Comme entraîneur, il démarre en fanfare avec l’équipe de France Espoirs qui s’adjuge la médaille d’or aux Jeux olympiques de 1984.
Le Cameroun fut sa première destination africaine et une de ses plus grosses désillusions. Sélectionneur des Lions indomptables à la Coupe du monde de 1994 aux États-Unis, il a démissionné après leur élimination au premier tour. Néanmoins, cette expérience marque le début d’une longue histoire avec le continent, qui passera par la Tunisie, le Maroc, mais aussi la Côte d’Ivoire, avec laquelle il a perdu en finale de la CAN 2006. Désormais lié à la Guinée équatoriale, il lui reste à apprendre l’espagnol pour réussir son parcours d’intégration.
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