Guillermina Mekuy Mba Obono, une femme de tête
Fille d’un diplomate et éduquée en Espagne, Guillermina Mekuy Mba Obono est chargée des affaires culturelles au sein du gouvernement équato-guinéen. Elle vient de publier son troisième roman.
Guinée équatoriale : sur le devant de la scène
Elle n’a que 28 ans, mais déjà un parcours bien rempli et prestigieux. Nommée en janvier 2009 directrice de la Bibliothèque nationale – alors en cours de création, celle-ci a été inaugurée en juin de la même année –, la voilà promue, quelques mois plus tard, secrétaire d’État pour les Bibliothèques, Archives, Musées et Cinémas. En bref, Guillermina Mekuy Mba Obono chapeaute toutes les affaires culturelles. Un poste pour lequel elle dispose de nombreux atouts.
Sa jeunesse, d’abord, qui devrait la rendre sensible à toutes formes de création artistique et culturelle. Son ouverture sur le monde, ensuite. Née à Evinyaong, le chef-lieu de la province du Centro-Sur, dans la partie continentale du pays, la fille du diplomate Luís Mba Ndong Andeme a vécu en Espagne dès l’âge de 6 ans. C’est là qu’elle a fait ses études, décrochant une licence en droit et une en sciences politiques à l’Université autonome de Madrid, avant d’en suivre, par correspondance, une troisième en sociologie après son retour en Guinée équatoriale. Ce long séjour dans la péninsule ibérique a donc fait d’elle une jeune femme cultivée, mais aussi une hispanophile convaincue.
Penchant pour l’écriture
Un autre de ses atouts est son penchant pour l’écriture. La très charismatique Guillermina Mekuy est en effet une romancière. À son actif, trois ouvrages publiés en Espagne, dont les sujets de prédilection sont la femme et l’oppression dont celle-ci est parfois victime. Le premier, El llanto de la perra (Le Cri de la chienne), est paru alors qu’elle n’avait que 21 ans. Le dernier, Tres almas para un corazón (Trois âmes pour un cœur), tout juste sorti des presses, traite de la polygamie, un sujet sensible, et fait déjà couler beaucoup d’encre. La nomination d’une écrivaine au poste de secrétaire d’État est une opportunité non négligeable pour un pays où le livre a encore une place limitée. Place que Guillermina Mekuy Mba Obono entend accroître en favorisant la promotion des bibliothèques et de la lecture. Son projet de création d’une maison d’édition va dans ce sens.
Mais la jeune femme est aussi une passionnée de cinéma. Elle espère ainsi créer une École nationale du cinéma et a coorganisé avec le Centre culturel espagnol de Malabo le Festival du cinéma africain en Guinée équatoriale, qui en est à sa deuxième édition. Elle est même l’auteure du scénario d’un moyen métrage, Teresa, adapté de faits réels et produit par la Bibliothèque nationale.
Revalorisation du patrimoine culturel
Très attachée au patrimoine culturel et à l’histoire de son pays, elle s’est investie dans le projet de création d’un fonds d’archives numérisées. En février dernier, elle signait avec la sous-secrétaire espagnole à la Culture, Mercedes del Palacio Tascón, un projet d’accord qui permettra à la Bibliothèque nationale de la Guinée équatoriale de recevoir des reproductions numériques de documents relatifs à l’histoire commune des deux pays, conservés dans les archives publiques espagnoles. Cette volonté de redynamiser l’histoire équato-guinéenne s’accompagne d’un souci de revaloriser l’identité culturelle, en perte de vitesse dans les grandes villes notamment. D’où l’accent mis sur le retour aux « origines », avec la promotion de troupes de danse et de musique traditionnelles, tel que le Ballet national Ceiba, qui a participé au Festival mondial des arts nègres à Dakar en décembre 2010.
Sous sa houlette, la culture devrait prendre un nouvel essor. Symbole de cette nouvelle dynamique que les autorités souhaitent impulser, la réouverture, prévue en juin à Malabo, du Centre culturel équato-guinéen, complètement rénové et doté de matériel dernier cri.
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