Guinée équatoriale : le chantier pharaonique de l’urbanisation

Administrations, université, industries : la future ville d’Oyala devrait attirer 65 000 habitants au cœur du Rio Muni. Sur le terrain, les travaux de cette métropole ont commencé.

Villas sociales à proximité du centre-ville de la capitale. © Muriel Devey pour J.A.

Villas sociales à proximité du centre-ville de la capitale. © Muriel Devey pour J.A.

Publié le 24 juin 2011 Lecture : 3 minutes.

Guinée équatoriale : sur le devant de la scène
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Guinée équatoriale : sur le devant de la scène

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C’est au cœur du Rio Muni, la partie continentale du pays, de part et d’autre du fleuve Wele, en pleine forêt, que la Brasilia équato-guinéenne sera érigée. Prévue pour abriter quelque 65 000 habitants, la future cité administrative, universitaire, industrielle et touristique s’étalera sur 32 000 ha, autour du fleuve et sur les buttes environnantes. Autant dire que ce projet titanesque est un véritable défi pour les autorités et pour les sociétés chargées de sa réalisation.

Sa conception a été longuement mûrie. Rien n’a été laissé au hasard. Le plan directeur et les études du schéma d’aménagement de la ville, depuis la localisation des voiries et des réseaux jusqu’au raccordement des parcelles en passant par les conceptions architecturales, ont été réalisés par la société française Egis Route. Pas question de tout bétonner. « Il y aura beaucoup d’espaces verts, notamment quatre coulées vertes, où la forêt originelle sera maintenue intacte. Certaines zones forestières seront aménagées en terres de culture. C’est une volonté du président Obiang Nguema, qui tient à respecter l’environnement sur ce site », explique Éric Le Maguet, responsable de l’agence locale de l’entreprise française. Du coup, outre des ingénieurs, des urbanistes et des architectes, la conception d’Oyala a mobilisé des environnementalistes et des paysagistes. Excepté les édifices structurants, l’essentiel du bâti sera constitué de petits immeubles et de villas.

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Boucles du fleuve

Les quartiers situés au nord du fleuve Wele, qui traverse la ville en formant plusieurs méandres, abriteront les administrations et autres bâtiments publics, les logements des fonctionnaires et le campus universitaire. La partie sud accueillera les espaces d’habitation, un parc technologique et une zone industrielle. C’est dans une des boucles du fleuve, au sud-est de la future cité, que sera établi un complexe international, sorte de Sipopo bis.

Sur le terrain, les travaux ont déjà débuté. Deux grandes artères, que construit la société française Sogea-Satom, se croiseront sur la place de l’Indépendance. L’avenue de la Justice traversera la ville d’est en ouest, depuis la place de la Défense, à l’est, jusqu’à la future présidence. L’avenue de la Paix, elle, partira de l’Assemblée nationale au nord, pour aboutir, au sud, à l’entrée de l’autoroute qui mène à Evinayong. Pour traverser le fleuve, pas moins de sept ponts à haubans seront construits, dont deux par le français Bouygues, deux par le belge Besix et un par l’entreprise locale General Work. Les marchés des deux autres n’ont pas encore été attribués. 

Médecine, management…

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Tout comme Sipopo, le complexe international d’Oyala, dont la réalisation, confiée à la société italienne Piccini, est en cours, comptera cinquante-deux villas présidentielles, un hôtel cinq étoiles doté d’un golf et un centre de conférences. L’entreprise Unicon Guinea, pour sa part, a en charge le projet de campus universitaire, qui pourra accueillir 10 000 étudiants. Il abritera une université, dotée de quatorze facultés (médecine, agriculture, ingénierie, architecture, management, construction, parapétrolier…), ainsi que les résidences pour les enseignants et les étudiants.

Outre la construction des bâtiments, le concept d’Unicon inclut une dimension pédagogique. Des accords seront ainsi signés « avec des universités étrangères, notamment aux États-Unis, en Europe et en Amérique latine, dont les enseignants viendront dispenser des cours et former des professeurs en Guinée équatoriale et où des étudiants d’Oyala pourront terminer leurs études », informe Serge Pereira, le directeur général d’Unicon. Déjà dix-sept accords ont été conclus, qui devront être validés par les autorités équato-guinéennes.

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L’université accueillera des étudiants boursiers de la sous-région. « Nous négocions avec des universités du Cameroun, du Congo-Brazzaville et du Gabon », indique Serge Pereira. N’entrera pas à l’université d’Oyala qui veut. Les étudiants devront d’abord passer par une école préparatoire, qui sélectionnera les meilleurs d’entre eux.

La construction d’Oyala prendra plusieurs années. Mais à l’horizon 2020, les administrations devraient être achevées. Autant dire que ce projet est très consommateur de matériel et matériaux de toutes sortes, en majorité importés. Une partie des matériaux de construction est toutefois fournie par Somagec, qui a installé une usine de fabrication de tôles ondulées, de blocs préfabriqués, de poutrelles et de tuyaux à Bata, et qui dispose d’une unité de concassage à Oyala. La création d’une cimenterie à Akalayong, près de Cogo, dans le sud du pays, est également envisagée. Un plus pour les chantiers à venir.

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