Guinée équatoriale : petit pays deviendra grand
Grand producteur de pétrole, le pays du président Obiang Nguema est un petit État qui peut tirer profit de cette richesse pour se faire une place parmi les grands d’Afrique.
Guinée équatoriale : sur le devant de la scène
Le pétrole est-il une malédiction ? On le dit souvent lorsqu’on se rend compte à quel point, malgré cette manne, certains pays n’arrivent ni à décoller ni à se doter des infrastructures dont les populations ont besoin. Mais depuis une dizaine d’années, pour la Guinée équatoriale, pays hier démuni devenu le troisième producteur de brut en Afrique subsaharienne, le pétrole est une opportunité sans précédent. Sous la houlette de Teodoro Obiang Nguema, au pouvoir depuis 1979, l’État investit massivement dans les infrastructures. Et profite de sa nouvelle prospérité pour gagner en importance sur les plans politique et diplomatique.
En 2010, un Équato-Guinéen, Lucas Abaga Nchama, est devenu gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). En 2011, Obiang Nguema a été élu président de l’Union africaine (UA) pour un an. Et le pays accueillera le 17e sommet de l’organisation, les 30 juin et 1er juillet.
Cela ne pourra échapper aux délégations présentes à Malabo : la Guinée équatoriale a désormais un nouveau visage, dessiné par de nombreux chantiers – qui se poursuivent. Routes dignes de ce nom, hôpitaux et centres de santé, logements sociaux, infrastructures hôtelières, capacités portuaires améliorées… Les progrès sont rapides, par rapport à d’autres pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).
Les Équato-Guinéens font-ils mieux que les autres ? Le moins que l’on puisse dire est qu’ils ont le sens des affaires. Adeptes du « gagnant-gagnant », ils sont ouverts à tous ceux qui viennent les accompagner dans leur course à la modernisation. Conscients de leurs carences, notamment en matière d’éducation, ils ont compris la nécessité d’avoir une main-d’œuvre et des cadres bien formés, même s’il faudra du temps pour y arriver. En attendant, ils ont les moyens de faire appel à l’expertise des autres.
Pourtant, le bilan n’est pas sans nuance. Au classement sur le développement humain établi en 2010 par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), le pays pointe toujours au 117e rang (sur 169). Une position honorable à l’échelle de la sous-région – il est le deuxième État de la Cemac derrière le Gabon, 93e –, mais qui ne progresse guère : en 2005, la Guinée équatoriale était 121e sur 177 pays évalués par le Pnud. De son côté, la Fondation Mo Ibrahim la classe 46e sur 53 dans son Indice 2010 de la gouvernance africaine, qui prend entre autres en compte la prestation de biens et services publics délivrée aux citoyens.
De nombreux défis restent donc à relever. La diversification de l’économie n’est pas le moindre. Très dépendant des hydrocarbures (la filière pétrolière pèse près des trois quarts du PIB), le pays doit notamment mettre l’accent sur l’agriculture, un secteur fondamental qui peine à décoller.
L’assainissement de la gestion des finances publiques est un autre impératif, comme l’a rappelé récemment le Fonds monétaire international (FMI), estimant le déficit budgétaire entre 4 % et 8 % du produit intérieur brut. Une situation due à la dernière crise financière internationale et à une baisse de la production pétrolière.
Dans dix ans, les autorités devront dire si leurs objectifs, définis par la stratégie Horizon 2020, ont été atteints. Pour le moment, la Guinée équatoriale est sur le devant de la scène avec la tenue à Malabo du sommet de l’UA et l’organisation, l’année prochaine, de la Coupe d’Afrique des nations de football avec le Gabon. Reste à transformer l’essai.
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