Allemagne : adieu à l’atome

Joli « coup » politique, la décision d’Angela Merkel de renoncer dans dix ans à l’énergie nucléaire pose de sérieux problèmes économiques et environnementaux.

Publié le 8 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

Pour le gouvernement d’Angela Merkel, le dossier du nucléaire était, depuis des mois, un vrai casse-tête. En annonçant l’arrêt de toutes les centrales dans un délai de dix ans, la chancelière a tenté de se sortir de ce très mauvais pas – et fait, du même coup, sensation en Europe. Sur les dix-sept réacteurs que compte le pays, les huit plus anciens, déjà à l’arrêt depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima, ne repartiront pas. À partir de 2021, seuls les trois plus modernes (ils datent de la fin des années 1980) seront autorisés à fonctionner, mais pas au-delà de 2022. Ce programme ne fait au fond que reprendre celui du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, qui, allié aux Grünen (Verts), avait prévu dès 1998 une sortie du nucléaire à l’horizon 2020.

Revers électoraux

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Mais en septembre dernier, à dix ans de l’échéance, la chancelière CDU a jugé l’objectif intenable et annoncé qu’un délai, au-delà de 2040, serait nécessaire pour développer les énergies renouvelables, tout en contrôlant le prix de l’électricité et les émissions de CO2.

La réaction a été immédiate : tollé dans la rue et vague verte dans les urnes. En mars, la tragédie japonaise a porté le coup de grâce à cette politique. Jusqu’ici tout juste toléré par beaucoup, l’atome est soudain apparu insupportable.

Avec son virage à 180 degrés, la chancelière fait donc le choix de céder aux écologistes afin de mettre un terme à la dégringolade de son parti. Et d’ouvrir la porte à une alliance avec les Verts, beaucoup plus puissants aujourd’hui que leurs alliés du Parti libéral-démocrate (FDP).

Sur le papier, le défi est ambitieux : l’Allemagne inaugure une nouvelle ère, celle des énergies propres. Mais dans les faits, comment remplacer si rapidement une source d’énergie qui assure 22 % de la production d’électricité ?

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Dans l’immédiat, le pays n’aura d’autre choix que d’accroître ses achats de gaz à la Russie, au détriment de son indépendance énergétique. Et de relancer les centrales au charbon, qui assurent déjà 40 % de la production, en faisant l’impasse sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les analystes tablent sur une hausse de 30 % de la facture électrique. Et il faudra bien aussi importer de l’électricité, française notamment. Or, celle-ci est à 75 % d’origine nucléaire. 

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