Les Brésiliens font surchauffer la carte

Consommer à crédit est devenu banal à Rio ou à São Paulo. Mais depuis dix ans la machine s’est emballée, et le nombre de ménages surendettés explose.

Rio de Janeiro, Brésil. © Felipe Dana/AFP/AP

Rio de Janeiro, Brésil. © Felipe Dana/AFP/AP

Publié le 11 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

Francisca de Carvalho habite Rocinha, dans la banlieue de Rio de Janeiro. Pour rénover sa salle de bains, elle a emprunté 650 réis (284 euros) à sa banque à un taux de 14 %. « J’aime les belles choses », se défend-elle. Comme elle, de plus en plus de Brésiliens aiment les belles choses, et ils n’hésitent pas à emprunter pour les acquérir.

La septième économie du monde doit son dynamisme à la très forte consommation intérieure. Entre 2003 et 2011, sous la présidence de Luiz Inácio Lula da Silva, 24,5 millions de Brésiliens sont officiellement sortis de la pauvreté et 35,5 millions d’individus ont accédé à la classe moyenne, avec un revenu compris entre 700 et 2 800 euros par mois.

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Frappés par une frénésie d’achats, les Brésiliens ont dépensé 555 milliards d’euros en 2007. Leur consommation devrait dépasser les 710 milliards d’euros en 2012, selon le bureau d’études américain Bain & Company.

Prêts conso. Dans le pays, tout s’achète à crédit. De la machine à laver à la paire d’espadrilles. Des grandes enseignes gagnent désormais plus d’argent avec les crédits qu’elles accordent qu’en tant que distributeurs. Dans ce contexte, les prêts à la consommation ont été multipliés par six en huit ans, pour atteindre plus de 350 milliards d’euros, passant de 24 % à 46 % du PIB, note la Banque centrale. Depuis 2004, le nombre de cartes bancaires a triplé (195 millions) et celui des cartes de crédit auprès des distributeurs a quadruplé (235,5 millions).

Mais cette nouvelle classe moyenne, qui accède souvent au crédit pour la première fois, fait exploser le taux de surendettement. La fédération bancaire brésilienne (Fabraban) précise que le nombre de comptes bancaires a doublé entre 2000 et 2008 et que le coefficient d’endettement a grimpé de 18 % à 35 % depuis 2005. Ce qui n’est finalement guère étonnant, avec des taux moyens de crédit à la consommation de 35 % à 45 % par an.

Bulle. La présidente, Dilma Rousseff, élue en octobre 2010, a fait part de sa crainte qu’une bulle du crédit n’explose. Pour décourager les recours à l’emprunt, Brasília a augmenté les taxes sur les prêts, et la Banque centrale a relevé ses taux.

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Le risque de surchauffe est réel. Et le pays n’est pas le seul concerné. « Le Brésil, la Colombie, l’Inde et la Turquie ont enregistré une accélération notable de la croissance du crédit réel, qui se situe dans une fourchette de 10 % à 20 % par an. Sur les cinq dernières années, le crédit a presque doublé en valeur réelle dans ces pays. Une telle expansion est proche de celle observée avant de précédents cycles d’emballement et d’effondrement du crédit », redoute le FMI dans son dernier rapport d’avril 2011.

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