Karima Charni : droit devant

Révélée par la téléréalité, elle aurait pu n’être qu’une étoile filante. Mais la Franco-Tunisienne, bosseuse et déterminée, fait son trou dans le paysage audiovisuel.

Karima Charni. © Cyril Lagel/W9

Karima Charni. © Cyril Lagel/W9

Publié le 12 juin 2011 Lecture : 3 minutes.

Elle ne veut pas être un exemple de réussite. Pourtant, Karima Charni aurait quelques bons tuyaux à donner. Au lieu de surfer sur une notoriété éphémère acquise grâce à l’insipide téléréalité, elle a choisi de travailler dur. Pour se raconter, la jeune Franco-Tunisienne reçoit dans une petite salle de réunion sans âme des locaux du Groupe M6, à Neuilly-sur-Seine. Sans fard, un sourire franc, elle est toute en simplicité. « Nous ne sommes pas que des jolies plantes à l’antenne, prévient-elle. J’aime rentrer chez moi et me sentir épuisée. » Son emploi du temps parle pour elle.

En septembre 2010, elle a pris les commandes de l’émission Fan de stars sur W9 et d’un nouveau magazine musical, Talent tout neuf : le live. Un mois plus tard, on la retrouvait sur M6 dans 100 % poker. Sans compter que depuis 2007 elle a créé sa société, Smoker Productions, avec Cartman et Miko, les deux compères de Sébastien Cauet, animateur de radio à l’humour potache. Tous trois produisent des émissions, des séries ou des clips. « Mon entourage savait que je voulais faire de la télévision, mais m’avait dit de choisir un métier plus simple, loin des paillettes. En réalité, tout s’est enchaîné très vite », se souvient Karima. Si être chef d’entreprise à 25 ans n’est pas banal, le chemin qu’elle a emprunté ne l’est pas davantage. « Je ne voulais pas d’un parcours classique. » 

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Retour en 2005. Elle a 19 ans. Alors qu’elle fête l’anniversaire de sa sœur dans un karaoké parisien, elle est repérée pour participer à l’émission de téléréalité Star Academy. « Je n’y croyais pas, mais je me suis tout de même présentée aux auditions. J’ai été choisie. » Elle accepte de cohabiter sous l’œil des caméras avec quinze autres apprentis chanteurs dans un château de la banlieue parisienne. Tous les vendredis soir, Karima est propulsée sur un plateau de télévision, avec 12 millions de spectateurs devant leur petit écran. « Il y avait une très bonne ambiance, mais le rythme était infernal. Les journées s’étalaient de 7 heures à 2 heures du matin », assure-t-elle en pianotant sur son téléphone. Un mois et demi plus tard, elle est éliminée.

« Mon envie de faire de la télévision a toujours été présente dans un coin de ma tête, même pendant cette période. Petite, je disais que quand je serai grande je serai Alexia Laroche-Joubert [la productrice de l’émission, NDLR], c’est un joli clin d’œil ! » rit-elle. Une semaine après sa sortie, elle entame une grande tournée en France et au Maghreb avec les ex-candidats et quelques chanteurs du moment, Leslie, M. Pokora ou Nâdiya. À son retour, elle est contactée pour présenter un programme musical sur W9, le E-classement. Mais Karima ne se sent pas redevable à Star Academy. Mieux, elle assume totalement, à la différence de beaucoup de ses anciens colocataires, avec qui elle n’a plus guère de contacts. « Ce n’est qu’une étape de ma vie. Je n’en suis pas nostalgique, mais j’en garde d’agréables souvenirs. » Positive, donc, et très sereine par rapport à sa forte médiatisation. « Tout cela est dû à la bonne éducation que j’ai reçue. » 

Après un baccalauréat cinéma et un BTS audiovisuel-production à Montrouge (Hauts-de-Seine), elle décroche le prix du court-métrage étudiant à Sarlat (Dordogne) et celui du public à Torcy (Seine-et-Marne). « Ce n’était pas des comédies, plutôt des grosses casseroles ! » s’amuse celle qui parle l’arabe, le français et l’anglais. Ses parents sont arrivés en France, depuis Tunis, cinq ans avant sa naissance, en 1985. Contrairement à ses deux grandes sœurs, de 30 ans et 29 ans – l’une est son manager –, Karima n’a pas vécu en Tunisie. Mais elle y passe toujours ses vacances dans la maison familiale. « J’ai reçu une éducation à l’occidentale, mais je connais toutes les traditions musulmanes et tunisiennes », confie-t-elle. Elle a grandi à Reims (Marne), où ses parents vivent toujours. D’eux, on en saura peu : « Mes proches n’ont pas choisi cette vie, je me dois de les protéger. » Karima garde aussi pour elle ses convictions politiques. Elle consent tout juste à confier qu’elle ne supporte pas « le portrait négatif que la France dresse de l’islam. Après le 11 septembre 2001, on s’est dit que c’était la faute des Arabes. J’ai toujours été fière de mes origines. »

Désormais, si on la reconnaît dans la rue (« Vous êtes “supra-nature” à l’antenne », « Vous êtes pareille qu’à l’écran »), Karima assure avoir une vie très simple. Elle n’exclut pas de s’investir à nouveau dans la musique, mais se laisse le temps et se prend à rêver d’interviewer Oprah Winfrey, le seul modèle qu’elle se reconnaisse. « Un jour, elle a regardé droit devant elle et a choisi de prendre ses propres décisions. » Voilà qui n’est pas sans rappeler quelqu’un…

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