Maroc : salafisme, intox et mutinerie

Le salafiste Bouchta Charef accuse les autorités marocaines de l’avoir torturé mais refuse de se soumettre à des examens médicaux. Il est à l’origine de la mutinerie à la prison de Salé, à la mi-mai.

Capture de la vidéo de Bouchta Charef, postée sur You Tube en avril 2011. © D.R.

Capture de la vidéo de Bouchta Charef, postée sur You Tube en avril 2011. © D.R.

FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 1 juin 2011 Lecture : 1 minute.

Membre important d’un réseau salafiste lié à Al-Qaïda démantelé début 2010 au Maroc – lui-même avait été arrêté en Syrie alors qu’il s’apprêtait à se rendre en Afghanistan, puis remis aux policiers marocains –, l’islamiste Bouchta Charef est à l’origine de la violente mutinerie avec prise d’otages qui a secoué la prison de Salé, non loin de Rabat, les 16 et 17 mai.

Début avril 2011, Charef fait parvenir du fond de sa cellule une vidéo – immédiatement postée sur YouTube – dans laquelle il affirme avoir été torturé par des agents de la DST dans le célèbre centre de Témara. Accusations qu’il réitère, détails à l’appui, devant la cour d’appel de Salé, lors de son procès à l’issue duquel il est condamné, le 28 avril, à dix ans de réclusion. Problème : il refuse obstinément de se soumettre aux expertises médicales en prison, malgré l’insistance du procureur du roi et du secrétaire général du Conseil des droits de l’homme, Mohamed Sebbar, venus lui rendre visite, tout en persistant dans ses dénonciations.

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Cyber-rumeur

Passablement agacées, les autorités judiciaires décident alors de le transférer à l’hôpital Avicenne, à Rabat. C’est parce qu’ils ont cru à un enlèvement vers une destination inconnue que les codétenus salafistes de Bouchta Charef se sont aussitôt mutinés. Quant à l’examen dudit Charef par trois médecins assermentés, il a finalement conclu à la présence de… simples hémorroïdes. Ce n’est pas la première fois cette année que la police marocaine est confrontée à ce type d’allégations a priori crédibles et a posteriori fausses. La « cyber-rumeur » lui a ainsi largement imputé la responsabilité de cinq victimes à Al-Hoceima lors d’une manifestation le 20 février – alors qu’il s’agissait en réalité de pilleurs, brûlés vifs dans l’incendie d’une agence bancaire. 

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