Voitures d’occasion : la limitation de l’âge en question
Automobiles : à quand des usines africaines ?
« Le Sénégal refuse d’être la poubelle des pays développés », plaide la ministre sénégalaise des Transports, Nafy Diouf Ngom, pour justifier la loi, adoptée en 2003, qui interdit l’importation dans le pays de véhicules d’occasion âgés de plus de 5 ans. Interpellée à la fin de l’année dernière par un député sur cette loi très controversée, la ministre a proposé comme alternative de « développer les usines de montages de véhicules dans le pays pour avoir un parc moderne et des véhicules de qualité pour une bonne sécurité routière ». D’autres pays ont pris des mesures similaires : le Gabon a fixé la limite d’âge à 4 ans, le Nigeria à 10 ans et l’Algérie à 3 ans.
Si l’objectif officiel de telles mesures est de limiter l’impact sur l’environnement et de réduire l’âge moyen du parc automobile, la réalité est encore loin de l’effet escompté. Face aux difficultés rencontrées par les ménages pour se procurer des véhicules plus récents, donc plus chers, de nombreuses astuces pour contourner la loi ont vu le jour : fabrication de faux papiers, importations de véhicules en pièces détachées destinés à être ensuite remontés, recours aux bakchichs auprès des douanes… Entre 2001 et 2005, les importations sénégalaises de pièces détachées ont par exemple presque doublé, passant de 4,6 milliards à 8,5 milliards de F CFA (de 7 millions à 13 millions d’euros), et neuf voitures sur dix importées seraient « sans papiers ». Autre effet pervers : la hausse des enchères sur les occasions existantes.
Bonus pour le neuf
Reste que les concessionnaires profitent aussi de cette législation, et les ventes de véhicules neufs ont bien augmenté. « Depuis la loi, nous avons remarqué une nette accélération », affirme Jérôme Collet, directeur commercial Toyota chez CFAO, à Dakar. Un constat corroboré par les chiffres du Mouvement des professionnels de l’automobile sénégalais : alors que 2 748 véhicules neufs étaient vendus en 2003, quelque 6 425 l’ont été en 2010.
Si l’émergence du marché des particuliers est une réalité, les concessionnaires pointent néanmoins du doigt des freins importants : des délais trop longs pour accéder aux prêts bancaires et des taux d’intérêt trop élevés.
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