Matata Ponyo : la RD Congo, pays émergent en 2030
A l’occasion du premier Forum économique international, qui se tient les 6 et 7 juin à Kinshasa, Augustin Matata Ponyo a programmé le redressement du pays en trois temps. Avec le soutien, prudent, de la Banque mondiale.
Du 6 au 7 juin se tient à Kinshasa le premier Forum économique international. Une initiative du gouvernement congolais et de la Banque mondiale pour faire le point chaque année de l’évolution de la situation économique et sociale dans le pays. D’autant plus que la RD Congo ambitionne de devenir un « pays émergent » d’ici 2030, selon son Premier ministre, Augustin Matata Ponyo. « Notre espoir est de voir la République démocratique du Congo devenir l’épicentre de la croissance, l’eldorado des investisseurs, le modèle de prospérité que rêvent les Congolaises et les Congolais depuis longtemps ». D’un air confiant, Augustin Matata Ponyo a annoncé, le 6 juin, les « échéances ambitieuses » que son gouvernement s’est fixées pour le développement de la RDC. Un redressement du « géant » Congo programmé en trois temps : le pays atteint une « croissance à deux chiffres » en 2015, et « intègre rapidement le club des pays à revenu intermédiaire » ; en 2030, il devient « pays émergent » et en 2050, « [il] figure parmi les puissances mondiales avec un niveau élevé de développement ».
La déclaration du premier ministre congolais a été faite devant plusieurs experts nationaux et internationaux des questions de développement lors de l’ouverture du premier Forum économique international de Kinshasa. En proie à un cycle interminable de conflits armés dans sa partie orientale, ce grand pays situé au cœur de l’Afrique tente pourtant de se redresser sur le plan macroéconomique. En douze ans, la RD Congo est passée d’un taux d’inflation à 511, 2% en 2000 à « 0,3% au terme de cinq premiers mois de 2013 ». « Et si la tendance se maintient, la RDC enregistrera le plus bas niveau d’inflation jamais atteint inférieur à 1%, détrônant ainsi l’année 1970 avec 1,7% d’inflation annuelle », s’enflamme Matata Ponyo. « Le budget annuel [du pays] a été multiplié par 20 (…). Des investissements directs étrangers par 167 et se situent à 15 milliards de dollars américains », contre 80,3 millions en 2001, renchérit le chef du gouvernement congolais.
Sur quel bouton appuyer ?
Suffisant pour rêver d’un Congo émergent d’ici 2030 ? Difficile à dire. En tout cas, c’est une « ambition à la portée de la RD Congo », soutient, pour sa part, Eustache Ouayoro, le directeur des opérations de la Banque mondiale dans le pays. « Il faudra maintenir une croissance économique forte à deux chiffres sur au moins deux décennies, qui crée des emplois et réduit la pauvreté d’une manière significative », renchérit-il.
Même si « beaucoup reste à faire » en RDC, Eustache Ouayoro reconnaît néanmoins les « efforts » engagés jusqu’ici par les dirigeants du pays pour « relancer l’économie et améliorer les conditions de vie de la population ». Et la Banque mondiale compte bien continuer à accompagner la RDC dans cette voie. « Notre ambition a toujours été de participer au réveil du géant et d’aider la RDC à occuper la place qu’elle mérite d’occuper en Afrique et dans le monde ».
Dans cette optique, parallèlement à l’aide d’un milliard de dollars aux pays de la région des grands lacs, annoncée il y a quelques jours par le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, l’institution financière internationale a récemment « approuvé la nouvelle stratégie d’assistance en faveur de la RDC pour un montant de 1, 250 milliards de dollars pour le financement des projets propres » du pays. Une enveloppe qui apporte un coup de pouce aux efforts du gouvernement congolais. De quoi donner des ailes à son premier ministre qui projette désormais de passer à la vitesse supérieure. « Sur quel bouton faudrait-il appuyer pour que la croissance à deux chiffres soit au rendez-vous en 2014 et non en 2015 comme le prédit le Fonds monétaire international (FMI) ? », a lancé Matata Ponyo aux spécialistes réunis au Forum économique international de Kinshasa.
La journée du 7 juin sera consacré aux ressources naturelles, dont la gestion est dénoncée régulièrement par les bailleurs. Dans un rapport récent, l’Africa Progress Panel a ainsi estimé que « entre 2010 et 2012, la RD Congo a perdu au moins 1,36 milliard de dollars de recettes provenant de la sous-évaluation des actifs miniers vendus à des sociétés offshore », dont plusieurs seraient liées à Dan Gertler, un proche du président congolais Joseph Kabila. Il y a quelques mois, le FMI a décidé de laisser échoir le programme triennal de prêts signé avec le pays d’Afrique centrale. Sur ce programme de plus de 500 millions de dollars, 225 millions restaient encore à verser. Pour justifier sa décision, le FMI aurait avancé que les éléments divulgués par la Gécamines (détenue par l’Etat) concernant la cession de 25% de ses parts dans La Congolaise de Mines et de Développement (Comide) étaient insuffisants.
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