Les adieux du vieux lion

Après un succès moins écrasant qu’à l’accoutumée aux dernières législatives, Lee Kuan Yew (87 ans) s’est résolu à quitter le gouvernement. Il restera comme le grand artisan de l’éclatante réussite économique de son pays.

Publié le 22 mai 2011 Lecture : 2 minutes.

Fondateur de l’État singapourien, dont il fut le Premier ministre de 1959 à 1990, Lee Kuan Yew (87 ans) a annoncé le 14 mai son retrait du gouvernement dirigé par Lee Hsien Loong, son fils. Dans le même communiqué, Goh Chok Tong (70 ans), qui a succédé à Lee Kuan Yew en 1990, a lui aussi annoncé son départ : « Le temps est venu qu’une nouvelle génération pousse en avant Singapour, dans un contexte plus complexe et difficile. […] Après des élections législatives qui constituent un tournant, nous avons décidé […] de laisser une nouvelle équipe de ministres prendre contact et ouvrir le dialogue avec cette jeune génération pour bâtir l’avenir de Singapour. »

Le 7 mai, en effet, le Parti d’action populaire (PAP), qui exerce sans partage le pouvoir depuis 1956, n’a remporté que 81 sièges sur 87 aux élections législatives, tandis que l’opposition triplait le nombre de ses députés (voir J.A. n° 2627, 15-21 mai 2011). Avec une croissance de 14,4 % et un PIB par habitant de 48 745 dollars en 2010, le plus élevé d’Asie après le Japon, le PAP avait pourtant de sérieux arguments pour demander aux Singapouriens de cautionner, une nouvelle fois, sa politique.

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Marée de critiques

Quelques mots malheureux de Lee Kuan Yew visant les électeurs tentés de voter pour l’opposition et une marée de critiques (cherté de la vie, problèmes de logement) sur les réseaux sociaux auront finalement eu raison du vieux lion, architecte visionnaire de cette île marécageuse et couverte de jungle devenue sous sa houlette, en l’espace d’une génération, une nation industrialisée. « L’autoritarisme n’est plus toléré par une population jeune, éduquée et plus occidentalisée, déclarait récemment l’opposant Chee Soon Juan. On ne peut plus se satisfaire de la prospérité économique, au mépris des libertés. » Admirateur de Machiavel, Lee Kuan Yew occupait depuis 1990 la fonction, créée sur mesure pour lui, de « ministre mentor » de son propre fils.

« Les temps ont changé, commente-t-on dans les rues de Singapour. Mais il aurait dû se retirer plus tôt. Le décès de son épouse, en octobre 2010, a certainement davantage pesé dans sa décision qu’une hypothétique prise de conscience politique. Il abandonne, mais il a toujours dit que la retraite était le plus court chemin vers la mort. » Même si, souligne-t-on aussitôt, Lee Kuan Yew n’est pas encore tout à fait parti, puisqu’il a été réélu député.

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