Les mystères de Tripoli
L’épouse et la fille de Kadhafi ont-elles fui en Tunisie ? Non, selon les autorités tunisiennes et libyennes. Chokri Ghanem, un cacique du régime, a-t-il fait défection ? Possible, mais pas encore officiel.
Chokri Ghanem, patron de la Compagnie nationale pétrolière libyenne (NOC) et ancien Premier ministre, a-t-il fait défection ? Safia, l’épouse de Mouammar Kadhafi, et sa fille Aïcha se sont-elles réfugiées en Tunisie depuis l’intensification des frappes aériennes de l’Otan contre Bab el-Azizia, le QG du « Guide » à Tripoli, comme l’affirme la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton ? La réponse n’est pas évidente.
Jusque-là, l’un des rares dirigeants à pouvoir voyager librement était Ghanem. Il est bien arrivé en Tunisie le 14 mai et a passé deux nuits sur l’île de Djerba, dont l’aéroport est la seule porte de sortie depuis l’Ouest libyen. Mais rien ne confirme qu’il a démissionné. D’après nos sources, il s’est rendu de Djerba à Tunis, d’où il est reparti vers une destination inconnue. Ce pourrait être Vienne, où résident ses deux filles et où il se rend souvent pour participer aux réunions de l’Opep, auprès de laquelle il représente la Libye. Mais il n’a communiqué ni depuis la Tunisie ni depuis l’Autriche.
« Nous ne prendrons au sérieux une éventuelle défection que si elle est publiquement annoncée à la télévision », souligne Mahmoud Chammam, responsable de l’information au sein du Comité national de transition (CNT), siégeant à Benghazi.
Pour ce qui est de l’épouse de Kadhafi et de sa fille, les sources gouvernementales à Tunis sont catégoriques : ni l’une ni l’autre ne se trouvent en Tunisie. « Tous les membres de la famille ou de l’entourage de Kadhafi qui font l’objet d’un mandat international s’exposeraient automatiquement à une arrestation », ajoute une source au ministère de l’Intérieur. La rumeur d’une fuite d’Aïcha à l’étranger avait circulé une première fois le 24 février, au lendemain du premier bombardement contre Bab el-Azizia. Aïcha était apparue aussitôt devant les caméras de télévision au milieu des ruines pour jurer que jamais elle ne quitterait son père et la Libye.
« Déserteurs »
Depuis la défection, à la fin de mars, de Moussa Koussa, ancien ministre des Affaires étrangères et ex-patron des services de sécurité, aucune personnalité de premier plan ne s’est désolidarisée de Kadhafi. Les principales défections ont eu lieu au début de la révolte populaire du 17 février et des frappes de l’Otan. Parmi les « déserteurs », on compte cinq ministres (dont ceux de l’Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères), douze ambassadeurs (ONU, France, Grande-Bretagne, Chine, Inde, Indonésie, Pologne, Unesco), une vingtaine d’autres diplomates et une dizaine d’officiers de haut rang dans l’armée et la police. Au total, une cinquantaine de personnes, dont la plupart se trouvaient en Cyrénaïque libérée. Ceux qui restent sous la coupe de la police secrète et des brigades de Kadhafi n’ont d’autre choix que d’attendre leur heure.
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