Les nouvelles étoiles du cinéma français sont à Cannes

Les actrices de « La Source des femmes », en compétition pour la Palme d’or, incarnent une nouvelle génération de comédiennes françaises. Fières de leurs origines maghrébines, elles refusent que cela devienne systématiquement le sujet de leurs films.

Leïla Bekhti, Hafsia Herzi et Sabrina Ouazani. © Montage JA.com

Leïla Bekhti, Hafsia Herzi et Sabrina Ouazani. © Montage JA.com

Publié le 18 mai 2011 Lecture : 3 minutes.

La nouvelle génération d’actrices françaises, c’est elles ! Quoi de plus révélateur qu’une montée des célébrissimes marches rouges du palais du Festival de Cannes ? Longs cheveux noir de jais, plutôt timides mais explosives à l’écran, Leïla Bekhti (27 ans), Hafsia Herzi (24 ans) et Sabrina Ouazani (22 ans) vont côtoyer jusqu’au 22 mai le gratin du cinéma mondial. Le réalisateur roumain Radu Mihaileanu les a réunies dans son dernier film, La Source des femmes, en compétition officielle pour la Palme d’or et projeté le 21 mai. Hafsia Herzi présentera également un autre film retenu dans la sélection officielle, L’Apollonide de Bertrand Bonello.

Chronique du quotidien de villageoises contraintes d’aller puiser l’eau en haut d’une montagne sous un soleil cuisant, La Source des femmes se veut l’écho des révolutions arabes. Leïla (Leïla Bekhti), une jeune mariée, propose une grève de l’amour tant que les hommes n’accompliront pas eux-mêmes la corvée. Certes, ces jeunes actrices ne sont pas encore des habituées du Festival, mais l’exercice leur est déjà familier. On se souvient de Leïla Bekhti en petite robe ivoire, foulant le tapis rouge en 2009 au côté de Jacques Audiard (Un prophète). Elle a certainement croisé Hafsia Herzi, présente pour Le Roi de l’évasion (Alain Guiraudie), projeté pendant la Quinzaine des réalisateurs. Enfin, la jeune Sabrina Ouazani a fait son baptême du feu en 2010 avec Des hommes et des dieux, de Xavier Beauvois.

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Si elles s’affirment aujourd’hui dans des registres différents, ces trois-là ont beaucoup en commun. En lui offrant en 2007 le rôle de Rym dans La Graine et le Mulet, Abdellatif Kechiche a contribué à faire de Hafsia Herzi une comédienne de films d’auteur crédible. Sa danse du ventre dans la scène finale – elle avait pris 15 kg pour le rôle – est restée dans les mémoires. Trois ans plus tôt, en 2004, le réalisateur franco-tunisien avait lancé la carrière de Sabrina Ouazani en la faisant tourner dans L’Esquive, avant de la rappeler pour La Graine et le Mulet. L’annonce du casting avait été affichée dans une station de tramway de La Courneuve (Île-de-France) et la mère de Sabrina avait envoyé une photo de sa fille.

Casting

Leïla Bekhti a, quant à elle, décroché son premier rôle, dans Sheitan (de Kim Shapiron, avec Vincent Cassel), en répondant à une annonce parue dans un journal. De parents originaires de Sidi Bel Abbès (ouest de l’Algérie), Leïla et Sabrina ont toutes les deux grandi dans une cité de la banlieue parisienne. Plusieurs fois par an, Leïla va d’ailleurs passer quelques jours dans le village de sa famille (elle parle arabe couramment). Hafsia – sa mère est algérienne et son père, aujourd’hui décédé, était tunisien – a passé toute son adolescence à Marseille (sud de la France). Se disant fières de leurs origines, elles refusent néanmoins que cela devienne systématiquement le sujet de leurs films.

Déclaration d’amour

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Si Sabrina Ouazani avait été nominée pour le césar du meilleur espoir féminin en 2005 pour L’Esquive, Hafsia Herzi l’a remporté en 2008 pour La Graine et le Mulet. Leïla Bekhti a été récompensée cette année par le même prix, pour le rôle de Lila dans Tout ce qui brille (de sa désormais meilleure amie Géraldine Nakache). Lors de ses remerciements, retenant tant bien que mal sa robe bustier très décolletée, elle a fait une vibrante déclaration d’amour à son fiancé, Tahar Rahim.

L’acteur d’origine algérienne, césarisé grâce au rôle de Malik dans Un prophète, incarne lui aussi la nouvelle génération d’acteurs issus de la « diversité » et plébiscités par les plus grands réalisateurs. Il sera d’ailleurs présent à Cannes, pour Les Hommes libres, d’Ismael Ferroukhi, qui sera projeté hors compétition. Jacques Audiard, le réalisateur de Un prophète, a également révélé Reda Kateb ou Adel Bencherif, qui s’est ensuite illustré dans Des hommes et des dieux dans le rôle de l’un des terroristes. Avant eux, Aïssa Maïga, connue du grand public grâce à Cédric Klapisch dans Les Poupées russes, leur avait ouvert la voie. Pour le plus grand bonheur de tous. 

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