Gabon : un nouveau modèle agricole en germe
L’État veut relancer les cultures vivrières. Objectif : augmenter les rendements à l’hectare pour produire plus… Et mobiliser moins de terres.
À la poursuite du Gabon vert
Avec près de 15 millions d’hectares de terres agricoles non cultivées, et à la faveur du climat équatorial, le Gabon dispose d’un réel potentiel. Pourtant, le pays reste largement dépendant de l’extérieur pour ses besoins alimentaires : il importe plus de 85 % des denrées consommées par ses 1,5 million d’habitants, ce qui lui a coûté la bagatelle de 250 milliards de F CFA (plus de 380 millions d’euros) en 2010. Une facture en hausse constante, à l’instar du coût du panier de la ménagère.
Priorité aux cultures vivrières locales
Pour y remédier, l’État a lancé un Programme agricole de sécurité alimentaire et de croissance (Pasac), auquel il a affecté un budget de 38,4 milliards de F CFA pour l’exercice 2010. Priorité est donnée à la réorganisation et au développement de l’agriculture et de la pêche, secteur dont la part dans le PIB est passée de 15 % dans les années 1960 à moins de 5 % aujourd’hui. L’objectif : porter cette contribution à 20 % du PIB en privilégiant les cultures vivrières, de façon à réduire de 5 % par an les importations de produits alimentaires de base (manioc, riz, bananes, viandes et légumes notamment). Un fonds de garantie de 900 millions de F CFA destiné aux exploitants agricoles a également été créé en début d’année.
« Il n’est pas raisonnable que l’essentiel de ce que les Gabonais consomment vienne de l’extérieur », résumait le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Raymond Ndong Sima, le 15 février, à Tchibanga (Nyanga) en lançant le Pasac. Ses trois volets principaux portent sur la sécurisation des approvisionnements – avec un programme quinquennal de sécurité alimentaire (PNSA 2010-2014) et la création de l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (Agasa) –, la réhabilitation des exploitations agricoles en difficulté et l’augmentation des capacités de rendement agricole et halieutique. Ce dernier point passe par le développement de pôles de production intensive concernant principalement des cultures vivrières, comme le riz, dont l’essentiel de ce qui est consommé est importé de Thaïlande ou du Vietnam. L’objectif étant de produire plus en utilisant le moins d’espace possible.
À la mode israélienne
Fin avril, Raymond Ngong Sima a signé une convention avec la société israélienne LR Group pour le développement, via sa filiale Mori Investments, de six fermes agropastorales. D’un coût global de près de 9,5 milliards de F CFA, entièrement pris en charge par l’État, le projet doit permettre de satisfaire les besoins en volailles et en légumes avec des produits locaux, disponibles à des prix bien moins élevés que les denrées importées.
Sans compter qu’il participera à la formation de la nouvelle génération d’exploitants, avec l’implantation de fermes-écoles à proximité des six établissements. « Nous avons déjà réalisé ce genre de projet. Nous commençons aujourd’hui avec six fermes ; après, nous allons continuer avec des villages modernes, comme nous l’avons fait au Nigeria », a expliqué à la presse Victor Tiroch, le directeur du développement commercial de Mori Investments, qui estimait à l’occasion de la signature du contrat que, « dans un an maximum, le pays pourra stopper l’importation de légumes et de volailles ».
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