Chine : les cols blancs broient du noir

La fin de l’année universitaire approche, et les futurs diplômés savent qu’ils auront le plus grand mal à trouver un travail. Alors que les usines manquent de bras.

Une foire de l’emploi en Chine. © REUTERS/China daily

Une foire de l’emploi en Chine. © REUTERS/China daily

Publié le 25 mai 2011 Lecture : 2 minutes.

À deux mois des grandes vacances, les étudiants chinois se font du mouron. Cette année, ils seront 300 000 diplômés à sortir des universités du pays. Au total, près de 7 millions de jeunes sont ou seront en quête d’un emploi. « C’est de plus en plus difficile, concède Wang Che, étudiante en langues étrangères à Pékin. J’ai commencé à chercher du travail après le Nouvel An chinois, mais il y a de moins en moins de postes disponibles, et, surtout, les salaires proposés sont très bas. » Peu de postes à pourvoir plus faibles salaires… L’équation est banale en Europe, beaucoup moins en Chine, et, du coup, le gouvernement s’inquiète.

« Bien sûr, c’est une source de préoccupation, a concédé récemment Sun Xiaobing, un responsable du ministère de l’Éducation. Mais les jeunes devraient être plus mobiles, accepter de se rendre dans des provinces éloignées et travailler pour des entreprises moins attractives. Ils ne peuvent tous rester dans les grandes villes. »

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Fossé

Car en Chine peut-être plus qu’ailleurs, les jeunes préfèrent les grands centres urbains et les emplois de fonctionnaires. Sécurité de l’emploi et accès à des infrastructures modernes obligent. Le Centre-Ouest, en revanche, est resté largement à l’écart du développement. Quatre heures d’avion depuis Pékin pour rejoindre le Sichuan, au pied de l’Himalaya. Sur place, on trouve encore peu de grandes entreprises et des salaires franchement dérisoires.

« Il y a un véritable fossé entre la Chine de l’Ouest et du Centre et celle des provinces côtières de l’Est, concède l’économiste Qu Xing. Il faut rééquilibrer cette situation potentiellement explosive. Et c’est pourquoi le gouvernement incite les grandes entreprises à s’installer dans ces provinces occidentales. »

Un euro de l’heure

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Alors que son chiffre officiel est 4,1 %, le taux de chômage serait en réalité beaucoup plus élevé. Deux fois plus, dit-on, chez les jeunes, contraints d’accepter des petits boulots mal payés. Chez un célèbre glacier de Pékin, une jeune vendeuse avoue ainsi être payée 1 euro de l’heure. Elle est pourtant diplômée d’une université, mais ne trouve pas d’emploi. Un euro de l’heure, c’est deux fois moins qu’une femme de ménage…

La semaine dernière, le gouvernement a annoncé la création de dix mille emplois pour les jeunes diplômés de l’ouest du pays, ainsi que la création de mille deux cents écoles professionnelles pour former les jeunes à des métiers plus en phase avec la réalité de « l’usine du monde ». Car la Chine reste un immense atelier. Et le premier exportateur mondial. Pourtant, avec l’augmentation du niveau de vie, les jeunes font de plus en plus d’études et ont tendance à délaisser les métiers manuels. Il manquerait actuellement 4 millions d’ouvriers dans les usines chinoises. Des ouvriers dont les salaires ont récemment doublé pour se rapprocher de ceux des jeunes diplômés.

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Stéphane Pambrun, à Pékin

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