Haïti : que prépare Jean-Bertrand Aristide ?

Depuis sa réinstallation à Port-au-Prince, l’ancien président Aristide s’abstient d’apparaître en public et entretient le mystère sur ses intentions. Du coup, certains s’inquiètent…

Jean-Bertrand Aristide de retour après sept ans d’exil. © AFP

Jean-Bertrand Aristide de retour après sept ans d’exil. © AFP

Publié le 24 mai 2011 Lecture : 2 minutes.

Sur la route de Tabarre, dans la banlieue nord de Port-au-Prince, des ouvriers s’affairent autour de la résidence de Jean-Bertrand Aristide. Les branches des arbres sont taillées, et les murs fissurés par le dernier séisme, restaurés. « Il est ici, je le vois parfois faire le tour de sa propriété », raconte un voisin. Depuis son allocution télévisée du 18 mars, jour de son retour en Haïti après sept ans d’exil en Afrique du Sud, l’ancien président fait profil bas. Il reçoit régulièrement des amis, mais ne fait aucune apparition publique et s’abstient de mettre les pieds dans sa fondation, pourtant située… en face de chez lui, de même que dans son université, un peu plus loin. « Nous ne l’avons pas revu depuis 2004, confie un agent de sécurité, mais je crois qu’il est capable de se présenter à la prochaine présidentielle sous les couleurs de Fanmi Lavalas, son parti. »

Officiellement, Aristide n’est plus qu’un citoyen comme les autres. Il se consacre à l’éducation (ouverture prochaine d’une filière médecine à l’université) et envisage d’apporter son aide aux sinistrés du séisme. S’il a respecté sa promesse de ne pas interférer dans le scrutin du 20 mars, il serait naïf de croire qu’il a définitivement renoncé à la politique. Depuis la fin du mois de mars, Fanmi Lavalas se reconstruit peu à peu, même s’il a dû faire face, le 29 mars, à la défection de l’ancien Premier ministre Yvon Neptune. « Le comité exécutif remet le parti en branle en vue du congrès national du mois de décembre, puis des élections communales et sénatoriales de l’an prochain, confirme un cadre. Pour le moment, Aristide ne souhaite pas se présenter à la présidentielle, mais nous allons tenter de le faire changer d’avis. »

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Même si les procédures judiciaires engagées contre lui (pour détournement de fonds et trafic de drogue) sont en panne, l’ex-« président des pauvres » va devoir compter avec de nouveaux acteurs sur la scène politique : les puissances étrangères, le nouveau président, Michel Martelly, son prédécesseur, René Préval. Certes, il conserve des partisans dans les quartiers populaires de Bel-Air et de Cité-Soleil, mais il n’est plus aussi populaire qu’avant. Et s’il fait encore peur, c’est parce que personne ne sait ce qu’il a en tête. « Et s’il armait à nouveau les jeunes ? » s’inquiète un enseignant.

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Justine Spiegel, envoyée spéciale en Haïti.

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