Haïlé Sélassié Ier, messie malgré lui

Les rastas ont fait de l’empereur éthiopien un dieu vivant. Conciliant avec le mouvement, longtemps reconnu pour ses réformes, l’homme conserve une aura puissante en dépit d’une fin de règne en demi-teinte.

L’empereur Haïlé Sélassié Ier, en janvier 1973. © AFP

L’empereur Haïlé Sélassié Ier, en janvier 1973. © AFP

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Publié le 11 mai 2011 Lecture : 2 minutes.

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En avril 1966, l’empereur d’Éthiopie Haïlé Sélassié Ier débarque en Jamaïque. Le gouvernement d’alors espère que ce chrétien orthodoxe pratiquant désavouera les milliers de rastas qui le considèrent comme un dieu vivant et contestent l’ordre établi. Accueilli par une foule immense, guidé par le rasta Mortimer « Kumi » Planno, le « lion conquérant de la tribu de Juda » se contente de défendre la libération du peuple jamaïcain, alors plus importante que le retour vers l’Afrique. Même si, dès 1948, il avait accordé aux membres du mouvement quelque 2 km2 de ses terres à Shashemene, non loin d’Awassa, dans le sud du pays. Quand, en 1976, la chanson « War » de Bob Marley, directement inspirée par un discours de l’empereur aux Nations unies sortira sur l’album Rastaman Vibration, Haïlé Sélassié n’aura pas le loisir de l’écouter. Renversé lors du coup d’État mené par les militaires du Derg, il est mort le 27 août 1975.

Le fils du ras Makonnen – grand artisan de la victoire d’Adoua, en 1896, contre les troupes italiennes – était né en 1892 sous le nom de Tafari Makonnen à Ejersa Goro, dans le Harar. Confié à l’âge de 14 ans, à la mort de son père, aux soins de l’empereur Ménélik II, il est couronné en novembre 1930 sous le nom de Haïlé Sélassié Ier. Poursuivant l’œuvre de modernisation de son pays, il est surtout connu en Occident pour son intervention à la Société des nations au moment de l’invasion italienne. Exilé au Royaume-Uni en 1936, il retrouve son trône en 1941. En 1963, Addis-Abeba accueille le siège de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Les années passant, sa politique se fait de plus en plus conservatrice. Admiré à l’étranger, il est contesté dans son pays où la famine sévit entre 1972 et 1974. Le choc pétrolier aggrave la crise sociale et l’opposition se radicalise, notamment parmi les militaires qui finissent par le renverser.

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Si nombre de rastas voient en Haïlé Sélassié Ier la réincarnation de Jésus-Christ, lui-même ne s’est jamais élevé en faux contre cette idée. N’est-il pas un descendant du roi Salomon et de la reine de Saba ?

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