Saif al-Adel remplace Ben Laden à la tête d’Al-Qaïda
Après la mort d’Oussama Ben Laden, les pronostics se sont portés sur Ayman al-Zawahiri ou Anwar al-Awlaki pour sa succession à la tête d’Al-Qaïda. D’après certains médias l’organisation terroriste devra se contenter pour l’instant d’un chef intérimiaire, en la personne de l’Égyptien Saif al-Adel.
Spécial Ben Laden : le djihad sans tête
Le Majlis al-Choura (Conseil consultatif) d’Al-Qaïda devrait être appelé à désigner le nouveau chef de l’organisation Al-Qaïda. Deux figures majeures sont en lice : Ayman al-Zawahiri et Anwar al-Awlaki. Deux hommes que tout sépare : leur âge (ils ont près de vingt ans de différence) comme leur conception du djihad.
Pour l’heure, Ben Laden est encore omniprésent : un message audio posthume vient d’être repéré par l’observatoire SITE sur des plateformes djihadistes. Oussama Ben Laden y parle des révolutions arabes et prédit que « les vents du changement vont souffler sur l’ensemble du monde musulman avec la permission d’Allah ».
En attendant la nomination définitive d’un nouveau chef, un chef intérimaire a été désigné, selon plusieurs médias. Il s’agit de l’Égyptien Saif al-Adel, ancien membre du Djihad islamique égyptien et âgé d’environ 50 ans. Il serait le chef de la branche militaire d’Al-Qaïda et se serait réfugié en Iran après l’invasion américaine de l’Afghanistan. Également connu sous le nom de Muhamad Ibrahim Makkawi, il est inculpé pour sa participation présumée aux attentats contre les ambassades américaines de Nairobi (Kenya) et Dar es-Salaam (Tanzanie) en 1998. Une récompense de 5 millions de dollars (environ 3,5 millions d’euros) est offerte pour son arrestation.
Selon Nooman Ben Othman – un ancien militant extrémiste libyen qui a renoncé à l’idéologie d’Al-Qaïda -, interrogé par Al-Jazira, cette nomination d’un Égyptien pourrait servir à préparer le terrain avant l’arrivée d’un chef non originaire de la péninsule arabique. Considéré comme le successeur naturel de Ben Laden, Ayman al-Zawahiri vient en effet, lui aussi, d’Égypte.
Ayman al-Zawahiri
Cofondateur d’Al-Qaïda en 1988, cet Égyptien de 59 ans en est aussi l’idéologue. Il se fait de l’islam radical une conception « classique ». En Égypte puis en Afghanistan, il a passionnément tenté de fonder un État islamique, sans lequel, dit-il, ses actes ne sont que « des piqûres de moustique ». Membre fondateur du Djihad islamique égyptien, il a été condamné pour port d’arme illicite lors de l’assassinat du président Sadate, en 1981. Chirurgien et médecin personnel de Ben Laden, « le docteur », comme on le surnomme, a été, très tôt, favorable aux opérations kamikazes. C’est lui qui a fomenté l’attentat de Louxor, en 1997. Torturé en Égypte, il se radicalise, se rallie, en 1998, à l’idée d’un djihad mondial, puis gagne l’Afghanistan, où sa femme et trois de ses filles sont tuées lors d’un raid américain sur Kandahar, trois ans plus tard.
Washington offre 25 millions de dollars à qui le délogera de sa cache afghane ou pakistanaise, à partir de laquelle il diffuse périodiquement des vidéos très virulentes. Pour certains, ce théoricien à l’ancienne dirige de facto l’organisation depuis plusieurs années. Mais d’autres critiquent son évident manque de charisme et craignent que les combattants du Golfe ne contestent son leadership.
L’Égyptien Ayman al-Zawahiri (à dr.) au côté du défunt leader d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden.
© HO New/Reuters
Anwar al-Awlaki
Ce natif du Nouveau-Mexique, aux États-Unis, est le fils d’intellectuels yéménites. C’est un terroriste de la nouvelle génération (il a 40 ans). Imam dans plusieurs États américains, parfaitement anglophone et fin connaisseur des nouvelles technologies, il a développé des outils modernes de propagande, comme son DVD intitulé « 44 façons de soutenir le djihad ». La dangerosité de ce prêcheur d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) repose sur sa capacité inédite à séduire des Occidentaux via internet. Et à les convaincre de lancer des opérations en solitaire. On a retrouvé certains de ses e-mails dans la messagerie de plusieurs kamikazes américains. En février 2011, il est qualifié de « menace terroriste numéro un » aux États-Unis, devant Ben Laden. Il est le premier citoyen américain dont un président a autorisé l’élimination par la CIA.
Ce qui le distingue des autres chefs djihadistes, c’est, d’une part, son obsession par les États-Unis – qu’il a quittés à l’âge de 7 ans, mais où il est revenu étudier ; et, de l’autre, la stratégie nouvelle qu’il a mise au point : attaques nombreuses mais d’ampleur limitée, djihad éclaté, sans projet étatique. Depuis 2007, il se cache au Yémen, où il a été condamné à dix ans de réclusion par contumace. Il pourrait profiter de la vigueur d’Aqpa pour prendre du galon au sein d’Al-Qaïda.
L’imam Anwar al-Awlaki, Américain d’origine yéménite.
© HO/AFP
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