Architecture : dessine-moi une agglomération

Vision du métier sur le continent, défis de l’aménagement urbain, influences architecturales… Trois jeunes professionnels témoignent. Développement durable et justice sociale sont au cœur de leurs préoccupations.

L’avenue Kwame-Nkrumah dans le centre de la capitale burkinabè, Ougadougou. © Ahmed Ouoba pour J.A.

L’avenue Kwame-Nkrumah dans le centre de la capitale burkinabè, Ougadougou. © Ahmed Ouoba pour J.A.

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 12 mai 2011 Lecture : 2 minutes.

BTP et infrastructures : des chantiers « africanesques »
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BTP et infrastructures : des chantiers « africanesques »

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Yolande Seuda


Camerounaise, 25 ans, ministère du Développement urbain et de l’Habitat.
© Nicolas Eyidi pour J.A.

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« Le métier d’architecte au Cameroun fait l’objet de divers préjugés, comme la pratique d’honoraires excessivement élevés. En outre, il n’y a pas assez – et même presque pas – de concours d’idées, ni de réglementation favorisant la consultation de l’architecte.

L’une de mes références est le Français Armand Salomon, qui a conçu des bâtiments au Cameroun tels que le ministère des Postes et des Télécommunications ou l’Hôtel de ville de Yaoundé. Il a utilisé des formes, des couleurs et des textures liées à nos cultures, alors que beaucoup de bâtiments de nos villes sont impersonnels.

La cité de demain devra être adaptée aux modes de vie des Africains, sans pour autant favoriser des comportements anti-urbains. Elle devra être planifiée, réglementée, sécurisé et partagée, car actuellement le citadin n’est pas consulté et ne se sent concerné par aucune des stratégies. La ville africaine ne saurait par ailleurs être différente sans une amélioration des comportements de ses habitants. »

Doris Laurence Gnangao

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Burkinabè, 26 ans, cabinet Batir.
© D. Bougouma pour J.A.

« J’aime les styles du Zimbabwéen Michael Pearce [immeuble de bureaux East­gate à Harare, conçu sur le modèle d’une termitière], de l’Anglo-­Irakienne Zaha Hadid ou du Britannique Norman Foster. La majorité des constructions et des conceptions au Burkina n’est malheureusement pas encore le fait d’architectes. Nous devons en outre adapter nos conceptions aux matériaux disponibles et nous efforcer de changer les mauvaises habitudes de nos maçons, qui n’ont pas reçu de véritable formation.

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Les acteurs des villes africaines commencent à réfléchir à un mode de planification et de gestion approprié à nos réalités : Ouagadougou, par exemple, vient de se doter d’un schéma directeur d’aménagement du Grand Ouaga. Sa mise en application devrait permettre de relever les défis de développement et donc d’aménagement.

Je rêve de villes africaines où les populations défavorisées auraient accès à un logement décent, auraient droit à la sécurité foncière à l’abri des spéculations. Croissance urbaine chaotique, occupation du sol anarchique, changement climatique, cherté de l’énergie… Face à ces problèmes, architecture et urbanisme durables doivent être nos maîtres mots. » 

0, 0);">Ibrahim Kanaté


Ivoirien, 24 ans, Archibo Design.
© Falone pour J.A.

« Influencé par le Germano-Américain Ludwig Mies van Der Rohe et l’Américain Frank Lloyd Wright, j’apprécie la composition simple des espaces qui privilégient l’ergonomie et la fonctionnalité. Une nécessité sous les tropiques pour dompter les nombreuses contraintes climatiques et budgétaires. Dans l’organisation des villes antiques africaines [Tombouctou, Djenné, etc.], on détectait déjà des règles qui donnaient une spécificité locale à leur aménagement. Cela mérite d’être promu, alors que l’on assiste à une mondialisation des aménagements urbains.

L’un des plus grands enjeux des villes africaines est de rompre avec l’improvisation et de se tourner vers une planification urbaine, avec un fort réseau intra-urbain capable de supporter les immenses flux de déplacement interne des populations, avec des services publics de qualité pour tous les citadins sans discrimination sociale. Enfin, l’aménagement des villes africaines gagnerait à prendre en compte les questions écologiques, jusque-là traitées comme secondaires. »

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Propos recueillis par Michael Pauron.

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