Exportations : l’industrie tunisienne rebondit

Malgré un début d’année agité, entre grèves et couvre-feu, les entreprises tunisiennes ont limité les dégâts. Certaines affichent même d’excellentes performances.

En février et mars, la filière textile a vu ses livraisons vers l’étranger augmenter. © AFP

En février et mars, la filière textile a vu ses livraisons vers l’étranger augmenter. © AFP

Julien_Clemencot

Publié le 11 mai 2011 Lecture : 3 minutes.

En cette fin avril, les industries manufacturières tunisiennes sont en passe de réussir leur révolution – notamment celles qui bénéficient du régime offshore et de son statut fiscal très avantageux. Au premier trimestre 2011, les exportations de ces dernières (1,9 milliard d’euros) sont en hausse de 18,5 % par rapport à la même période l’an passé. Les équipementiers automobiles, réunis au sein de la Fédération nationale de l’électricité et de l’électronique, enregistrent même « une progression de leur chiffre d’affaires de 35 % », indique Hichem Elloumi, représentant du patronat et dirigeant du groupe Coficab.

Nebhen Bouchaala, partenaire de l’équipementier américain Lear en Tunisie, confirme la tendance : « Grâce aux commandes de Ford et Peugeot, notre chiffre d’affaires [environ 48 millions d’euros en 2010, NDLR] a bondi de 23 % au cours des trois premiers mois de l’année. C’est plus que ce que nous avions anticipé fin 2010. » L’explication : les fournisseurs des constructeurs automobiles ont pu compter sur le redémarrage du marché européen, stimulé par le renouvellement des flottes de véhicules d’entreprises et, en France, par le soutien de l’État.

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« Rien n’aurait été possible sans l’implication de l’ensemble des salariés », tient à souligner Moncef Sellami, directeur général du groupe One Tech. Car le secteur n’est pas passé loin de la catastrophe. Au plus fort de la révolution, avec les couvre-feux, les grèves dans les entreprises, au sein des douanes et dans le port de commerce de Radès, l’américain Lear avait par exemple imaginé transférer sa production vers le Maroc, l’Espagne, la Roumanie et la République tchèque. Près de 700 000 euros ont même été consacrés à l’élaboration de ce plan B qui aurait signé la fermeture, peut-être définitive, de la filiale (1 100 salariés). De son côté, le constructeur PSA a sorti les grands moyens pour débloquer la situation. Le pont aérien mis en place durant plus de cinq semaines pour s’approvisionner chez ses fournisseurs lui a coûté 30 millions d’euros, dont une partie a été refacturée aux sous-traitants tunisiens.

Augmentations

L’inconnue réside désormais dans l’impact des négociations salariales qui auront lieu dans toutes les entreprises au mois de mai. Certains groupes ont déjà accepté en janvier des augmentations de l’ordre de 8 % à 12 %. « Cumulées sur trois ou quatre ans, de telles hausses peuvent nous faire perdre les marchés à faible marge comme ceux de la C1 (Citroën), de la Fiesta (Ford) ou de la Polo (Volkswagen) », alerte Nebhen Bouchaala. L’essentiel pour les patrons est maintenant de regagner la confiance de leurs donneurs d’ordres – et pour les filiales, de leurs maisons mères. Implanté à Gafsa, le japonais Yazaki, dont l’activité a été fortement pénalisée par l’agitation sociale, a gelé tous ses projets d’investissement. D’autres, comme Lear, envoient au contraire un signal positif. « Le management américain du groupe a apprécié notre gestion de la crise et vient de donner son feu vert pour l’ouverture d’une nouvelle usine de 650 salariés en Tunisie », indique Nebhen Bouchaala.

La confiance entre les sous-traitants et leurs clients a aussi été déterminante dans le secteur textile. « J’avais des livraisons prévues fin janvier et début février. Les clients ont accepté de petits décalages, sans discount ni pénalités », se réjouit Mehdi Abdelmoula, propriétaire du groupe Maille Club. La production tunisienne n’a au final connu qu’un trou d’air passager, avec un recul de l’activité de 15 % en janvier. « Février et mars ont vu une augmentation des volumes exportés de 8,6 % et 24,6 % par rapport à la même période en 2010 », indique Samir Haouet, directeur général du Centre technique du textile (Cettex). « Depuis le milieu de l’année 2010, nous profitons du retour des déçus de la Chine », explique Kharrat Zouheir, dirigeant du Groupe méditerranéen de confection (GMC). Et les perspectives pour le secteur sont encourageantes. À preuve, l’annonce récente du groupe italien Benetton, désireux de poursuivre son développement en Tunisie.

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