Kadhafi-Chavez : c’est beau l’amitié !
Origines sociales, parcours, pratique du pouvoir… Entre Hugo Chávez et Mouammar Kadhafi, les similitudes sont nombreuses. Elles expliquent sans doute le soutien sans faille apporté par le premier au second.
Combattu par son peuple, délaissé par ses fidèles, condamné par ses pairs et assiégé par une coalition internationale, Mouammar Kadhafi peut encore compter sur quelques rares mais solides amitiés. Hugo Chávez, son indéfectible allié – et bête noire de Washington –, ne cesse de proposer sa médiation afin de lui ménager une porte de sortie honorable. Le 26 avril, après avoir fustigé le bombardement de la Libye, le président vénézuélien a annoncé la présence à Caracas d’une délégation dépêchée par le « Guide » pour tenter de trouver une solution diplomatique. Il est permis de douter du succès de l’opération, les précédentes initiatives vénézuéliennes ayant été rejetées tant par les alliés que par le Conseil national de transition libyen. À la vérité, l’initiative de Chávez conforte plutôt l’administration américaine et l’opposition vénézuélienne, trop heureuses de pouvoir assimiler le trublion de Caracas au tyran de Tripoli.
Simulacre de démocratie
Au-delà de leur commune détestation de « l’hégémonie impérialiste américaine », les affinités entre Chávez et Kadhafi sont nombreuses. L’un et l’autre sont issus d’un milieu modeste et ont fait de leur carrière militaire l’instrument de leurs ambitions politiques, adoptant précocement une idéologie à la fois socialisante et nationaliste. Au culte voué par Chávez à Simón Bolivar, le libérateur de l’Amérique latine, fait écho l’admiration de Kadhafi pour l’Égyptien Gamal Abdel Nasser. Les discours des deux hommes sont imprégnés de la même rhétorique révolutionnaire, panafricaine pour l’un, panaméricaine pour l’autre.
Comme Kadhafi en 1969, Chávez a, en 1992, tenté – mais manqué – un coup d’État. Leur pratique du pouvoir présente plus que des similitudes : culte de la personnalité, volonté d’exporter la révolution, dénonciation obsessionnelle de complots impérialistes, persécution des opposants… À « l’État des masses » libyen (Jamahiriya) répondent les comités populaires vénézuéliens, mais ces simulacres de démocratie directe cachent mal le népotisme et l’autoritarisme le plus effréné. Comme l’économie de la Libye, celle du Venezuela repose sur les hydrocarbures. Mais les nationalisations imposées par les deux hommes dès leur accession au pouvoir ont davantage enrichi leurs proches que servi la cause du peuple. Plus inquiétante encore, la constitution de milices populaires armées acquises à la cause chaviste et la présence au Venezuela de dizaines de milliers de « coopérants » cubains rappellent fâcheusement les unités de paramilitaires et de mercenaires que Kadhafi lance en ce moment contre son peuple.
Solidarité
Un événement explique peut-être la solidarité manifestée par Chávez à l’égard de Kadhafi. Le 11 avril 2002, à Caracas, une manifestation rassemblant des centaines de milliers d’opposants avait fourni l’occasion à un groupe d’officiers de renverser le président vénézuélien. À la faveur d’une imposante contre-manifestation appuyée par la garde présidentielle, restée fidèle, ce dernier était parvenu à reprendre le pouvoir, réussissant là où son « ami » libyen est en train d’échouer. Il faut souhaiter aux Vénézuéliens que la comparaison ne puisse être poussée trop loin.
Lors de la guerre d’Irak de 2003, le sort réservé à Saddam Hussein l’avait à ce point effrayé que Kadhafi s’était empressé de renoncer au terrorisme et d’en finir officiellement avec son programme d’armes de destruction massive. La punition qui lui est actuellement infligée fera-t-elle réfléchir Chávez ? Le message de soutien que ce dernier a, le 25 avril, adressé au président syrien Bachar el-Assad incite à en douter.
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