Bienheureux Jean-Paul II
Karol Wojtyla béatifié six ans après sa mort. Une cérémonie à laquelle devaient assister, le 1er mai à Rome, plusieurs chefs d’État africains et des centaines de milliers de fidèles.
Le pape Jean-Paul II avait l’habitude de dire à notre continent : « Afrique, lève-toi et marche ! » Cela part d’un constat simple. Très souvent, nous donnons, nous Africains, l’impression que, pour suivre notre chemin, les autres doivent nous guider. Nous pensons que notre développement, notre philosophie, notre pratique de la théologie ou des mathématiques dépendent totalement des autres. Pour Jean-Paul II, le fait de demander aux Africains de se lever et de marcher était un appel afin que nos peuples cessent de trouver, trop souvent, des justifications extérieures à des problèmes intérieurs. Quand il a commencé à sillonner l’Afrique, il a repris, sur un plan strictement religieux, le message de ses pairs au concile Vatican II. Et surtout le message laissé par Paul VI lors de son voyage à Kampala (Ouganda), en 1969. Il a dit : « Afrique, deviens missionnaire de toi-même ! »
Jean-Paul II était favorable à l’inculturation. Au cours de ses voyages, il encourageait, comme le demandaient la plupart des évêques des pays visités, toutes les initiatives destinées à africaniser la pratique religieuse, au lieu de se contenter d’emprunts à d’autres cultures, à d’autres façons de vivre la religion. Cela s’est traduit, par exemple, à l’adoption, dans le Zaïre de l’époque, d’un rite africain de célébration d’une messe de l’Église catholique romaine. Jean-Paul II l’avait approuvé. On peut dire que ses voyages étaient aussi une manière de promouvoir l’inculturation en insistant sur la part de vérité et d’authenticité. Son approche était à l’opposé de celle qui consiste à reprocher aux Africains, ou plutôt aux croyants africains, d’inventer en contestant ce qu’ils ont reçu de l’Occident. Le pape était dans une logique du marcher ensemble, en prenant en compte tout ce que chacun peut apporter de neuf, de positif.
Avant de se déplacer, Jean-Paul II ne laissait rien au hasard. Il prenait le temps de connaître les grandes lignes de l’histoire du pays à visiter. Ensuite, le Saint-Père demandait aux évêques locaux, aux théologiens de proposer des thèmes à aborder, d’en développer quelques-uns afin qu’il puisse s’y référer pour compléter son message destiné à tel ou tel autre pays. Il visait surtout les domaines où il sentait que la participation locale avait été négligée. Aux dirigeants politiques, il n’avait cessé de dire que toute action de leur part devait avoir l’homme comme finalité, au lieu de privilégier la production et la rentabilité à tout prix, qui asservissent l’être humain. Il répétait sans cesse : « Dieu a tout créé pour l’homme. » Dans tous ses discours, il mettait l’accent sur le social, la culture, l’éducation et la formation de la jeunesse.
Par rapport au vent de la démocratie qui avait soufflé, dans les années 1990, sur le continent, sa position était claire : les évêques ne devaient pas se transformer en hommes politiques actifs, mais ils avaient le droit, comme tous les autres citoyens, de participer aux processus engagés dans leurs pays et de montrer aux politiciens les erreurs à éviter. Il n’a pas poussé les évêques à devenir présidents, ni souhaité que le spirituel prime sur le temporel. Il ne voulait surtout pas que les évêques deviennent partisans. Il a dit ce qu’il fallait dire dans les pays où les gens étaient privés de liberté. Mais il ne pouvait rien imposer.
De Jean-Paul II, j’ai appris beaucoup de choses : la persévérance dans le travail, la patience. J’ai appris que ce que nous faisons ne doit pas être aléatoire, ni passager. Il me disait souvent que le christianisme n’est pas seulement doctrine, idéologie, c’est surtout un vécu. Nos peuples doivent ajouter plus de réalisations aux connaissances théoriques. L’Afrique doit apporter quelque chose aux autres.
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