Facebook et Twitter : sites de secours
Lieu de débats et d’échanges lors des révoltes arabes, les réseaux sociaux ont désormais une nouvelle utilité : l’organisation de l’aide lors de crises humanitaires.
SOS. Une femme vient d’accoucher par césarienne sans eau ni produits pour faire ses pansements. Cocody, une centaine d’étudiants manquent de vivres. Des retraités souffrant d’hypertension n’ont plus de médicaments… Alors que la situation humanitaire se détériorait à Abidjan, les appels à l’aide déferlaient sur le site de micro-blogging Twitter. Retranchés chez eux, les Ivoiriens n’ont alors aucun moyen de communiquer. Difficile de se procurer des unités pour créditer les téléphones portables. Les personnes malades ont du mal à se signaler et à trouver des médecins se déplaçant en pleine guérilla urbaine.
Débrouillardise
L’ingéniosité de quelques internautes ivoiriens semble pourtant avoir fait des miracles. Ils seraient environ 100 000 dans le pays à disposer d’un abonnement internet, principalement de jeunes urbains. Guy Manassé, développeur informatique à Abidjan, a initié sur Twitter un mot-clic (hashtag, en anglais) : #civsocial. Ce code apposé à la fin des messages permet d’identifier les Ivoiriens en détresse, mais aussi d’échanger des informations sur la localisation des combats, des pilleurs, des pharmacies ou des supermarchés ouverts. « Ce matin, on a sauvé un diabétique et un asthmatique », annonce-t-il modestement. Sur Facebook, la chaîne humanitaire fonctionne de la même manière.
À 350 km de là, à Accra (Ghana), d’autres bénévoles reçoivent les appels à l’aide. L’ONG Akendewa localise et identifie les besoins avant de diffuser une annonce sur Twitter. Aux internautes d’activer leurs réseaux pour les secourir. Les bénévoles recherchent surtout des particuliers acceptant de prêter leurs véhicules pour transporter les malades. « On veille à prendre des draps blancs et à dessiner dessus des croix rouges », explique Guy Manassé.
Si l’organisation d’un système de secours aussi bien rodé est une nouveauté, les réseaux sociaux ont déjà aidé des victimes. À Tunis, le 15 janvier dernier, des miliciens ont fait irruption dans la maison de Skanour Ben Hamda, 16 ans. Ni lui ni ses parents ne sont parvenus à joindre la police, mais l’adolescent a posté un message sur Twitter. Une journaliste a alors contacté l’armée, arrivée à temps. « Si le message n’était pas passé, on aurait assisté à une catastrophe », témoigne le jeune homme. À la suite du tremblement de terre dans le nord-est du Japon, Kozue Matsumoto, installée à Vancouver (Canada), reçoit le message d’une amie retenue chez elle, obligée de boire de la neige fondue pour survivre. Sur Twitter, Kozue suit l’évolution de la situation dans la région et certains internautes lui proposent d’aller secourir son amie.
Solidarité spontanée
Les réseaux sociaux sont devenus un lieu d’échange d’informations, mais aussi un moyen d’action immédiat. Grâce à Twitter et Facebook, les internautes coordonnent l’aide spontanée, mettent en relation sur le terrain des personnes qui, dans la vie réelle, ne se seraient jamais rencontrées ou entraidées. « Si la solidarité a toujours existé sur les réseaux sociaux, dans des cercles assez restreints, l’ampleur de cette aide semble inédite », analyse Smaïn Laacher, chercheur au Centre d’étude des mouvements sociaux (CEMS-EHESS). Mais les réseaux sociaux ne concurrencent pas pour autant les services de secours. « Si internet permet d’informer en temps réel, seules les organisations de secours traditionnelles sont capables de mobiliser sur le terrain des compétences et des ressources accumulées depuis plus de cinquante ans », conclut le sociologue.
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