Chickenman Mkhize, le trottoir pour atelier
Chickenman Mkhize. © Tatham Art Gallery, Pietermaritzburg.
Publié le 6 mai 2011 Lecture : 1 minute.
Incroyable destin que celui de Fanozi Mkhize, dit Chickenman. Un artiste sud-africain analphabète, né en 1959 dans le Kwazulu-Natal et mort en 1995. On sait peu de choses sur sa vie, excepté qu’il s’est installé dans la ville de Pietermaritzburg dans les années 1970, pour travailler dans une laiterie, et qu’il a commencé à faire des crises d’épilepsie à la fin des années 1980. Il perd alors son travail et se met à fabriquer des objets avec des matériaux de récupération. Il s’installe sur le trottoir de la Tatham Art Gallery, dans le centre-ville, devenant ainsi un artiste en résidence non officiel de cette institution locale (existant depuis 1903).
Chickenman Mkhize crée de faux panneaux de signalisation. On y déchiffre des motifs figuratifs avec des messages en anglais écrits en lettres capitales. Chickenman recopiait les mots ou les phrases sans marquer d’espaces, ou en les marquant au petit bonheur la chance. Le résultat est décalé et souvent plein d’ironie, comme le panneau « BUTISI TART ? » (But is it art ?, « Est-ce de l’art ? »). D’autres abordent avec une légèreté bien plus profonde qu’elle n’en a l’air des thèmes comme la liberté : « Abuse of power comes as no surprise », le message étant surmonté d’une chèvre courbant l’échine. Selon Lorna Ferguson, à l’époque commissaire de la galerie qui introduisit ses œuvres sur la scène artistique internationale, Chickenman disait vouloir répondre à un « appel spirituel ». Il faisait aussi lui-même partie du processus artistique : squattant le trottoir de la galerie avec un ghetto-blaster marchant à plein volume (il dansait souvent), s’habillant de vêtements de récupération, entouré de ses créations. Reconnues par les plus grands collectionneurs, ses œuvres font partie de la sélection de la première Biennale de Johannesburg en 1995, année de sa mort.
