Fela Anikulapo Kuti, « Celui que l’homme ne peut tuer »
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Ne dit-on pas que les chiens ne font pas des chats ? Le père de Fela, le révérend Israel Oludotun Ransome-Kuti, était réputé pour ses prêches enflammés contre les colons. Sa mère, Funmilayo, féministe de la première heure, était une pionnière de la lutte pour l’indépendance du Nigeria… et la première femme à conduire une voiture.
Fela Anikulapo Kuti a grandi dans la contestation et se fera un plaisir de marcher hors des sentiers battus.
Dans son club, le Shrine – où tous les soirs il fustige la corruption du régime, la brutalité des pouvoirs militaires et la pauvreté galopante –, on danse, on échange ses partenaires sexuels et l’on fume du cannabis en toute liberté. Lorsqu’il rentre chez lui, dans sa maison proclamée République de Kalakuta, le Black President déambule en caleçon « de couleur douteuse qui lui tombe sur les hanches », se souvient le journaliste Venance Konan.
Dans cette « enclave » libertaire – un immeuble de trois étages situé dans le quartier de Mushin, à Lagos –, où l’odeur du cannabis est omniprésente, vivent quelque deux cents membres de sa communauté. Et sa famille : Remilekun Taylor, sa première femme, leurs enfants et les vingt-sept autres femmes du chanteur, épousées selon les rites vaudous, religion à laquelle il s’était converti.
Plusieurs séjours en prison, la destruction du Shrine, puis de sa maison en 1977 par des militaires n’auront jamais entamé ni sa détermination ni sa popularité. Et quatorze ans après sa mort, en 1997, ses fans continuent de venir lui rendre hommage, à la nouvelle Kalakuta, scandant son nom, Kuti, « Celui que la main de l’homme ne peut tuer ».
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