La paix par-dessus tout
La Banque mondiale a publié le rapport 2011 sur « le développement dans le monde ». Au moment où le continent est le théâtre de violents conflits, ce document explore les tristes conséquences des guerres et de l’insécurité dans les pays pauvres.
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Alain Faujas
Alain Faujas est spécialisé en macro-économie.
Publié le 1 mai 2011 Lecture : 1 minute.
Au moment où les destructions se multiplient en Côte d’Ivoire et en Libye, le rapport 2011 sur « le développement dans le monde » qu’a publié le 11 avril la Banque mondiale est cruellement d’actualité, car il est consacré aux ravages que les conflits, les guerres et l’insécurité infligent aux pays pauvres : 1,5 milliard de personnes vivent dans des pays connaissant des cycles de violences, et 90 % des guerres – civiles ou étrangères – se produisent dans des pays qui ont déjà connu un conflit au cours des trente années précédentes. L’Afrique a payé lourdement son tribut à cette malédiction, du Liberia au Nigeria, du Rwanda au Soudan.
Les dégâts provoqués par les armes, même légales, sont immenses. Ils s’appellent « misère » et « développement bloqué ». En moyenne, une guerre « coûte » trente ans de croissance économique et aggrave de 20 % le taux de pauvreté des pays qui en sont victimes. La convalescence est toujours laborieuse : en moyenne, il faut compter vingt-cinq ans pour que des réformes pacifient en profondeur une société malade de la violence. Malgré ses 2 millions de morts, l’Indonésie est un des pays qui s’est le plus vite redressé : en quinze ans.
Les parades et les remèdes à l’insécurité ? Ils sont banals, ce qui ne veut pas dire aisés à mettre en œuvre : donner confiance aux citoyens dans la justice et la police ; créer des emplois ; limiter les inégalités ; combattre la criminalité. Autrement dit, construire un État digne de ce nom.
En refermant ce copieux rapport de 290 pages où l’horreur est soigneusement disséquée, on se dit que les fameux Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui ambitionnent de réduire la misère, la faim, la soif, l’ignorance, la maladie et la mortalité, sont vains face à la violence faite aux femmes et aux hommes. Pourquoi financer des dispensaires et des écoles en Palestine si les obus israéliens les anéantissent dans les mois qui suivent ? Le premier ingrédient du développement et de la justice, c’est la paix.
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