Front de mer d’Alger : un lifting de vingt ans
La métropole va s’offrir une nouvelle baie pour 2030. Le projet, financé par l’État et la wilaya, est en cours de finalisation. Premières esquisses avec le groupe d’architectes et d’urbanistes chargé de sa conception.
Alger dans tous ses états
Du cap Caxine au lac de Réghaïa, sur presque 50 km de côte, la baie d’Alger va bénéficier d’un vaste plan de réaménagement, dans le cadre d’une stratégie urbaine 2010-2029 menée à l’échelle de l’ensemble de la wilaya (préfecture). Objectif : faire de la capitale de l’Algérie une grande métropole méditerranéenne. Jusqu’à présent, elle a manqué d’une vision cohérente et durable pour son développement. Le cabinet d’architectes français Arte Charpentier doit présenter avant l’été le projet de la nouvelle baie.
Le littoral retrouvé
Le premier impératif est de réconcilier les habitants avec leur littoral. La ville a, au fil de son histoire, installé routes, rails et industries entre les habitants et la mer. C’est le paradoxe d’Alger : voir la mer et ne pas y accéder. L’objectif est de rendre l’Amirauté à la vie civile et de recréer des plages et des cheminements tout le long de la côte. De quoi établir une promenade ininterrompue en front de mer. « Il s’agit aussi de respecter la valeur inestimable du patrimoine d’Alger. Pas question de faire ici un nouveau Dubaï avec d’immenses tours », explique Pierre Clément, le président d’Arte Charpentier.
À cet égard, le glissement du port vers l’est et sa revalorisation sont nécessaires : réaménagement de la criée, multiplication des activités commerciales, création d’un port en eau profonde – pour mettre fin à l’engorgement du port de commerce et à l’attente quotidienne de quelque 80 bâtiments dans la baie. Le commerce de vrac a déjà été déplacé.
Toutefois, la préoccupation prioritaire des Algérois reste le logement. Chez Arte Charpentier, on promet qu’il sera intégré au proche littoral, en même temps que des transports publics adéquats pour relayer les 3 200 opérateurs privés.
La Grande Promenande de la Baie sera réalisée dans la première phase des travaux.
© Arte Charpentier
Écocité
Un autre pan de la stratégie d’aménagement est de faire d’Alger une « écométropole » : dépollution des plages, exploitation des deux stations d’assainissement, mise en place de filtres sur les berges de l’oued El-Harrach, etc. Une attention particulière sera portée à la préservation et à la valorisation des deux poumons verts qui encadrent la baie, la forêt de Baïnem et les alentours du lac de Réghaïa, ainsi qu’à la gestion de l’eau. Un brise-lames sera installé en bord de mer, et des collecteurs d’eaux usées sont en construction pour éviter les inondations.
Alger compte bien faire de certains équipements phare sa vitrine. La conception d’une bibliothèque arabo-sud-américaine a ainsi été confiée au célèbre architecte brésilien Oscar Niemeyer. Un aquarium, un musée de l’Afrique, une marina et une nouvelle gare centrale sont également au programme.
Visibilité internationale
« La capitale devrait maintenant pouvoir trouver un grand projet contemporain, qui l’identifierait à l’international, réagit Youssef Kanoun, professeur à l’École polytechnique d’architecture et d’urbanisme. J’espère que la réalisation du plus grand nombre possible de ces structures sera confiée à des Algériens, dont 5 000 sont diplômés chaque année en architecture. »
En l’occurrence, dans le quartier Chevalier, le chantier de la faculté de médecine, dont la livraison est prévue pour 2012, a été attribué à des Libanais, celui du grand parking à des Turcs, celui de la faculté de langues et littérature à des Coréens. Et rien n’impose aux architectes étrangers qui répondent aux appels d’offres de travailler en partenariat avec des confrères algériens.
Premiers chantiers
Concrètement, quelque 1,5 milliard d’euros sont engagés pour le premier plan quinquennal d’aménagement 2010-2014. Parmi les treize projets prioritaires : un vaste « plan lumière », la rénovation du boulevard Larbi-Ben-M’hidi ou l’aménagement de plages et de bains publics à Bab el-Oued. Ce dernier chantier, qui se veut pilote, a pris du retard. La livraison était prévue pour 2010, mais l’appel d’offres ne sera lancé que prochainement. D’éventuels contentieux sur la propriété des terrains d’implantation de ces nouvelles structures pourraient aussi allonger les délais.
Il est probable que, contrairement aux espoirs initiaux, peu de ces premiers projets soient livrés pour le cinquantenaire de l’indépendance, en juillet 2012. « Le côté positif est que, désormais, Alger a une vision claire de son avenir, estime un proche du dossier. Ce sera long, mais on sait où l’on va. »
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