Remaniement au Mali : la surprise du chef

Tout un symbole. Le 3 avril, c’est une femme qu’Amadou Toumani Touré a nommée à la tête du gouvernement malien. Mariam Kaidama Cissé succède à Modibo Sidibé, démissionnaire.

Mariam Kaidama Sidibé devant la primature, à Bamako le 4 avril. © Emmanuel Daou Bakary

Mariam Kaidama Sidibé devant la primature, à Bamako le 4 avril. © Emmanuel Daou Bakary

Publié le 21 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

À n’en pas douter, Amadou Toumani Touré (ATT) aime les symboles. Nommer une femme à la tête du gouvernement dans un pays qui peine à réformer son code de la famille (qui accorderait davantage de droits aux femmes) pourrait même lui valoir quelques solides inimitiés. Mais qu’importe ! Bientôt en fin de mandat, le président malien a nommé, le 3 avril, Mariam Kaidama Cissé au poste de Premier ministre. « ATT est comme les Américains, résume l’un de ses proches. Il veut être le premier partout. »

Originaire de Tombouctou, Mariam Kaidama Cissé, 63 ans, devient donc la première femme Premier ministre au Mali. À son entourage, qui a renâclé en apprenant la nouvelle, le chef de l’État a rétorqué : « Je connais ses qualités, elle fera l’affaire. » Pour ATT, Cissé a d’abord l’immense avantage de n’être membre d’aucun parti, en cette période préélectorale (le prochain scrutin présidentiel aura lieu en 2012) où s’aiguisent les appétits et ambitions. Des ambitions qui seraient à l’origine, murmure-t-on à Bamako, de la démission du précédent chef du gouvernement, Modibo Sidibé.

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Et puis surtout, comme le chef de l’État l’a lui-même souligné, Cissé et ATT se connaissent. Formée à l’École nationale d’administration de Bamako, issue de la même promotion que l’ancien Premier ministre Soumana Sacko, la nouvelle chef du gouvernement a passé plus de vingt ans à des postes de direction des entreprises d’État. La première fois que leurs chemins se croisent, c’est en 1991. Amadou Toumani Touré vient de renverser Moussa Traoré, dont Mariam Kaidama Cissé est une conseillère. Il choisit de la nommer au ministère du Plan et de la Coopération internationale. En 1993, elle devient secrétaire exécutive du Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) et s’installe à Ouagadougou (Burkina Faso). C’est avec fierté que son mari, qui a accepté de l’y suivre, souligne aujourd’hui qu’elle a su restructurer l’organisation, « à la grande satisfaction des bailleurs de fonds ».

"Un peu tatillonne"

Retour au pays en 2000. Deux ans plus tard, le président Alpha Oumar Konaré, sur le départ, lui confie le ministère de l’Agriculture. Revenu aux affaires, ATT la place ensuite à la tête du conseil d’administration de la Société nationale de tabacs et allumettes du Mali (Sonatam) – poste qu’elle a occupé jusqu’au 3 avril.

Peu connue du grand public, Mariam Kaidama Cissé est décrite comme « disponible et portée à l’écoute » par ses anciens collaborateurs, voire « perfectionniste et un peu tatillonne » par un de ses enfants. Voilà qui devrait lui être utile pour accomplir sa mission. Il y a les chantiers à boucler (routes, logements sociaux, le troisième pont de Bamako) ou à lancer (les autoroutes Bamako-Koulikoro et Bamako-Ségou), mais aussi les réformes à piloter : la révision constitutionnelle (qui, si elle est adoptée, devrait permettre une modernisation des institutions) et la réforme du code de la famille. ATT devrait également la charger des délicats dossiers du narcotrafic et d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Elle devra aussi mener à bien les négociations avec les syndicats et en surveillant l’inflation. Sait-elle l’ampleur de la tâche qui l’attend ? « Oui, nous répond-elle. Mais je suis fière de la confiance du président et je compte sur l’appui de tous. » Depuis le 3 avril, une foule de parents et d’amis se pressent à son domicile de Magnambougou, à l’est de Bamako, pour la féliciter… et prendre date.

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