Voir Kinshasa et partir
Dans une écriture ciselée, Marie-Louise Bibish Mumbu raconte le ras-le-bol des Kinois en quête d’une vie meilleure.
« Assise sur le siège 19A de l’airbus A330 d’Air France à destination de Paris », Samantha s’envole vers un nouvel avenir. Loin de la RD Congo, un « pays en sursis », où le bruit des bottes et des armes lourdes empiète sur les « espaces de rêve » et où les femmes violées sont devenues banalité. Et pourtant, la jeune journaliste s’interroge : a-t-elle raison de « partir pour ne plus revenir » ?
Avec tendresse, elle se souvient de sa ville, Kinshasa, et de ses amis. Des enfants de la rue et des filles du trottoir. Des arriérés de salaire et des coupures d’électricité. Des années de la zaïrianisation et de celles des guerres assassines. Elle croque des scènes du quotidien congolais traversées par les sapeurs, les politiciens et toute une jeunesse qui lutte pour sa survie et vomit sa « honte de ses dirigeants ». Elle dit aussi, explique Marie-Louise Bibish Mumbu, « l’amour de soi et de son pays ». Cette pièce, commente l’auteure congolaise, « c’est un ras-le-bol, une urgence de mieux ». Une exigence qu’elle partage avec son personnage. Installée depuis peu à Montréal, cette ancienne journaliste culturelle et ex-administratrice de la compagnie de Faustin Linyekula aime jouer avec les mots. Son écriture ciselée, poétique, révèle une sensibilité à fleur de peau.
Cette adaptation du roman éponyme, Samantha à Kinshasa (Le Cri/Afrique Éditions), est une mise en séquences qui jongle avec les couleurs, les murmures citadins, les sons bruts et les mélodies. Une acrobatie quelque peu maladroite qui ne parvient pas toujours à suivre la vitalité et la richesse du texte original, malgré le talent de l’actrice, Alvie Bitemo.
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