Nigériens, Salou Djibo vous dit… au revoir

Principal artisan du coup d’État contre Tandja, Salou Djibo a fait rimer junte et démocratie. À quelques jours de la remise du pouvoir aux civils, portrait du président de la transition.

Le chef du CSRD, le 21 février 2010, à Niamey. © Rebecca Blackwell/AP Photo

Le chef du CSRD, le 21 février 2010, à Niamey. © Rebecca Blackwell/AP Photo

Publié le 18 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

Niger : démocratie, le grand retour ?
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Niger : démocratie, le grand retour ?

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Niamey, le 14 mars, 11 h 50. Le président Salou Djibo me reçoit dans son petit bureau de la Villa verte. Ses yeux sont plus brillants que les quatre étoiles – il est général de corps d’armée – qui scintillent sur ses galons. « La Commission électorale nationale indépendante vient de proclamer les résultats provisoires du scrutin présidentiel, dit-il d’une voix qui trahit l’émotion. Il ne reste plus que la confirmation du Conseil constitutionnel et l’investiture du président élu. Nous aurons ainsi tenu tous nos engagements. »

Putschiste vertueux

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À 46 ans, l’enfant de Namaro rejoint le club très fermé des putschistes vertueux. Pour preuve, les messages de félicitations qui lui parviennent de Washington et de Bruxelles, d’Addis-Abeba et de New York… En un an, un mois et dix-neuf jours, il a réussi à sortir son pays d’une impasse politique, à imposer un « pacte républicain » associant classe politique et société civile pour bâtir un État démocratique où les libertés publiques sont garanties et à créer les conditions du développement économique. « Ma fierté ? La sérénité et la paix qui ont accompagné cette transition. »

Formé à l’École des forces armées de Bouaké, en Côte d’Ivoire, et à l’Académie royale militaire de Meknès, au Maroc, l’officier a fait ses premières armes face aux rébellions touarègue, dans le nord du Niger, et touboue, dans l’Est, a dirigé une unité de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), mais c’est à Niamey qu’il entre dans l’Histoire. Le 18 février 2010, alors chef d’escadron commandant la 5e compagnie de commandement d’appui et de services (CCAS) de la capitale, il dirige l’opération qui renverse le président Mamadou Tandja, dont la volonté de s’accrocher au pouvoir a mis le Niger au ban de la communauté internationale, et donne le coup de grâce à la VIe République. Nommé président du Niger pour une « période de transition » par le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), il met cette dernière à profit pour doter le pays d’une nouvelle Constitution, d’institutions consolidées, de finances publiques assainies et d’un climat politique apaisé. 

Et demain ?

Au lendemain de l’investiture de Mahamadou Issoufou, président élu, les militaires devront retrouver les casernes. Et lui ? Une chose semble acquise : il quittera l’armée. En tant qu’ancien chef de l’État, il percevra une pension ; un logement, des véhicules et du personnel seront mis à sa disposition. Pour autant, il ne compte pas se retirer définitivement : en privé, il se déclarerait « disponible pour servir [son] pays quand on aura besoin de [lui] ».

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Plusieurs pistes sont évoquées par ses proches et les observateurs, comme la création d’une ONG ou la poursuite de sa carrière militaire au sein de l’Union africaine. En tout cas, dans l’immédiat, Salou Djibo prévoit de rentrer dans son village natal – situé au bord du fleuve Niger, à environ 50 km au nord-ouest de Niamey –, où il se fait construire une grande villa : « Je prendrai quelques jours de repos à Namaro et je retrouverai avec plaisir ma vieille canne à pêche. » Les capitaines de Namaro n’ont qu’à bien se tenir. Le général arrive. 

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