Sénégal : Wade perd sa « dame de fer »
L’hémorragie au Parti démocratique sénégalais se poursuit. C’est au tour d’Aminata Tall de faire défection.
Un général peut-il partir à la guerre sans lieutenants d’expérience ? Cette question, Abdoulaye Wade va bien finir par se la poser. À l’approche de l’élection présidentielle, prévue en février 2012, le président sénégalais doit faire face à une vague de défections parmi ses collaborateurs de poids.
Après Macky Sall en 2008, Cheikh Tidiane Gadio en 2009 et Landing Savané voici quelques mois, c’est au tour d’Aminata Tall, une fidèle parmi les fidèles, de le quitter.
Le 27 mars, celle que les Sénégalais surnomment « la dame de fer du PDS » (Parti démocratique sénégalais) n’y a pas été de main morte. Dans son fief de Diourbel, elle a annoncé « la fin de [son] compagnonnage » avec Wade, un « trompeur » qui l’aurait « abusée ». « Je demande solennellement pardon aux Sénégalais et aux Sénégalaises pour la coresponsabilité de tout ce qui s’est passé dans ce pays. J’ai cru à un idéal, à une idéologie de justice, de travail, à un homme, et j’ai été déçue », a-t-elle déclaré. Certes, ce n’est pas la première fois que Mme Tall quitte le président avec fracas. Mais peu d’observateurs la voient cette fois-ci rentrer au bercail.
Aux côtés de Wade depuis plus de trente ans, Aminata Tall (61 ans), qui n’a connu que le PDS, était une très proche collaboratrice. « Elle est l’une des seules à oser lui dire non. Elle a un fort tempérament », explique le professeur de droit Babacar Guèye. Plusieurs fois ministre avant d’être nommée secrétaire générale de la présidence en 2009, elle avait quitté le Palais, où elle se sentait de plus en plus à l’étroit, lors du dernier remaniement ministériel en février. Le président lui avait alors proposé le portefeuille de la Fonction publique, mais elle avait refusé, estimant mériter plus.
C’est une « grande perte » pour le PDS, a déploré le porte-parole d’un parti de plus en plus divisé. Aminata Tall a longtemps dirigé le mouvement des femmes de la formation libérale. « Elle y a un certain poids », estime M. Guèye. D’ores et déjà, les spéculations vont bon train sur sa future destination. Il n’est pas exclu qu’elle rejoigne Idrissa Seck. L’ancien Premier ministre, qui s’oppose ouvertement à une nouvelle candidature de Wade, a aujourd’hui un pied à l’intérieur du PDS et l’autre à l’extérieur.
Dans le camp du président, le vide commence à se faire sentir. La faute, estime un ancien ministre de Wade, à un entourage de nouveaux venus « qui font perdre le sens des réalités au président et éloignent tous les fidèles de la première heure ». Tall, comme Gadio ou Savané, « n’a aucun poids politique, cela ne change rien », rétorque un proche de Karim Wade, le fils du président.
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