Emmanuel Holl : « Certains franc-maçons redoutent la persécution »

Dignitaire du Grand Orient de France, il est spécialiste des questions africaines. Pour lui, la franc-maçonnerie est injustement stigmatisée.

Publié le 13 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

Ces francs-maçons qui vous gouvernent
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Ces francs-maçons qui vous gouvernent

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Emmanuel Holl est le Vénérable Maître de la loge Helios Le Temple de l’Homme 7 7 7. Dépen­dant du Grand Orient de France (GODF), cette loge compte en majorité des membres africains et planche de manière centrale sur les enjeux du continent.

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Jeune Afrique : Les francs-maçons africains sont assimilés à des chefs d’État dont les pratiques ne sont pas toujours honorables. Donc aux pouvoirs établis et à leurs dérives. Procès injustifié ?

Emmanuel holl : Je ne me permettrais pas de les juger, mais au vu de ce qu’on lit dans la presse, on est tenté de croire que certains chefs d’État africains francs-maçons ont des pratiques qui ne sont pas conformes aux principes maçonniques. Parfois, nous nous demandons si le fait d’être au pouvoir ne crée pas un certain éloignement empêchant les personnes de prendre du recul, notamment dans le cadre du travail en loge.

Votre loge, à Paris, planche essentiellement sur les questions africaines. Avez-vous en France et en Afrique une écoute particulière des milieux politiques et institutionnels ?

Nous menons un travail de réflexion. Nos conclusions et celles d’autres groupes ou fraternités travaillant sur l’Afrique sont synthétisées lors de rencontres franc-maçonniques, dans des documents qui sont transmis aux autorités. Dès lors, il revient aux personnes qui sont au pouvoir de s’en inspirer. Mais nous n’imposons rien.

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En général, quand on parle de la franc-maçonnerie, on évoque les scandales…

Les affaires que vous évoquez entachent notre réputation. Mais il ne faut pas oublier nos engagements : l’école laïque, l’abolition de la peine de mort, la défense du droit à l’avortement et la laïcité. En Afrique, le Grand Orient s’implique au travers de sa fondation dans la construction d’écoles – notamment une école d’ingénieurs au Cameroun, l’Esiac – et d’orphelinats. Une ONG dénommée Hiram [Humanisme et initiatives des rencontres africaines et malgaches, NDLR] a ainsi été créée en 2010.

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L’Église catholique, les congrégations protestantes et les musulmans jugent durement la franc-maçonnerie, considérée comme incompatible avec leur foi…

C’est un mauvais procès fait à la franc-maçonnerie. Le Grand Orient, par exemple, est une obédience adogmatique, où l’on est libre de croire ou de ne pas croire. Au sein de nos ateliers, on retrouve des catholiques, des protestants, des athées, des animistes, des juifs… S’agissant notamment des protestants, si l’on fait abstraction des dérives de ces dernières années, avec les Églises de réveil qui stigmatisent un peu trop la maçonnerie, on constate par exemple que, dans un pays très protestant comme la Suisse, nos frères sont très actifs.

Beaucoup de francs-maçons africains rechignent à témoigner à visage découvert. Comment l’expliquez-vous ?

Celui qui veut se découvrir se découvre. Certains d’entre nous se sentent en danger ou redoutent la persécution. Il y a des personnes qui ont été licenciées de leur travail parce que leur patron a appris leur appartenance… Personnellement, je n’ai pas peur. J’assume mes choix.

Propos recueillis par Théophile Kouamouo

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