Tunisie : Ça tangue au ministère de l’intérieur
Limogé ou pas limogé ? Une chose est sûre : depuis son entrée en fonctions, en janvier, l’ex-ministre tunisien de l’Intérieur, Farhat Rajhi s’était fait beaucoup d’ennemis.
Le départ du ministre de l’Intérieur le plus populaire que la Tunisie ait jamais eu, mais aussi le plus haï chez les partisans de l’ex-président Ben Ali, ne pouvait manquer de susciter une crise politique.
Farhat Rajhi, magistrat indépendant nommé à ce poste au lendemain de la révolution, en a été évincé le 28 mars par Béji Caïd Essebsi, le Premier ministre par intérim, qui nie qu’il y ait eu limogeage et l’a nommé à la tête du Haut Comité pour les droits de l’homme, considéré comme une voie de garage.
« Poule mouillée ». Pourtant, ce départ y ressemble fort. Depuis sa nomination, le 27 janvier, Rajhi s’est fait des ennemis pour avoir ordonné le gel des activités du parti de Ben Ali et obtenu de la justice qu’elle prononce sa dissolution. Il est devenu un paria au sein même de son ministère depuis qu’il a écarté une trentaine de directeurs désignés par l’ancien régime et décidé de dissoudre la police politique.
Le 31 janvier, il avait été violemment pris à partie par des partisans de l’ex-président Ben Ali dans son propre ministère (voir J.A. no 2614), et ses détracteurs le décrivent comme une « poule mouillée ». Plusieurs incidents survenus la semaine précédente ont contribué à précipiter son départ. Des manifestants avaient jeté des pierres contre des fonctionnaires du Premier ministère, et contre Essebsi en personne, très susceptible à toute atteinte au « prestige de l’État ». Un autre jour, des pierres avaient aussi été lancées lors du passage d’un convoi d’ambassadeurs invités à Tozeur.
Mais, selon nos informations, l’incident qui a porté un coup fatal à Rajhi est un tract calomnieux dont les auteurs anonymes seraient d’anciens proches de Ben Ali.
Tollé. Le choix du successeur de Rajhi, Habib Essid, conseiller au Premier ministère depuis février, a provoqué un tollé au sein de la Commission pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique. Plus de la moitié de ses membres rappellent qu’en l’absence de Constitution depuis le 15 mars, le pouvoir intérimaire s’était engagé à consulter l’instance avant de prendre ses décisions.
Ils émettent en outre des réserves au sujet d’Essid, qui, entre 1997 et 2001, a été le chef de cabinet de deux ministres de l’Intérieur, dont Abdallah Kallel, un bénaliste pur et dur. Essebsi rétorque que, tant qu’il sera chef du gouvernement, il ne partagera pas ses prérogatives. Et promet de s’expliquer… mais après coup. Le bras de fer paraît engagé.
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