Femmes africaines : le douloureux coût de l’exil

L’enquête du sociologue Smaïn Laacher sur les violences dont souffrent les Africaines sur le chemin de l’exil se base sur des témoignages bouleversants. Et lance un SOS pour rompre le silence qui entoure trop souvent le drame quotidien des migrantes.

Le chemin de l’exil est souvent synonyme d’enfer pour les femmes africaines. © D.R.

Le chemin de l’exil est souvent synonyme d’enfer pour les femmes africaines. © D.R.

Clarisse

Publié le 15 avril 2011 Lecture : 1 minute.

De la violence à la persécution, femmes sur la route de l’exil est un plaidoyer pour la frange la plus vulnérable de cette population : les milliers de femmes africaines qui ont quitté clandestinement leur pays pour fuir diverses frustrations, mais dont les itinéraires de l’exil s’apparentent à des chemins de croix. Sans défense, oubliées ou ignorées de tous, elles affrontent séquestrations, viols et exploitation sexuelle. De toutes les nationalités et de toutes les classes sociales, leurs bourreaux ont tour à tour les traits de compagnons de voyage, de passeurs, voire de représentants de l’autorité.

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La force et l’originalité de l’ouvrage résident dans le matériau qui a servi à analyser cette réalité occultée : quelque 70 témoignages – insoutenables – recueillis tant dans les pays du Maghreb qu’en Espagne et en France. « Un matin, à 6 heures, j’avais 16 ans et je me suis fait arrêter par la police au Maroc, raconte une Nigériane. Ils m’ont emmenée dans une place avec plein de Noirs… Toutes les femmes ont été violées, dans une tente, par les dix-huit policiers marocains… »

Pour Smaïn Laacher, l’intolérable silence qui entoure le sort de ces migrantes tient à l’indifférence des pays du Maghreb à l’égard des violences faites aux femmes en général. Quel secours pourraient-elles attendre face à des autorités qui ne respectent pas leurs propres ressortissantes ? D’où l’urgence, au-delà du constat, d’une protection spécifique pour ces femmes mise en place par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). « Les viols subis en chemin ne doivent plus être assimilés à de simples violences. Comme les persécutions enregistrées dans les pays d’origine, ils doivent aussi permettre d’obtenir la protection de la convention de Genève », avance le sociologue.

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