Chine : cyberjeux interdits

Plus de 25 millions d’internautes sont littéralement accros à la Toile. Une addiction que le gouvernement présente comme une maladie mentale. Avec obligation de soins…

Cybercafé à Hefei, dans la province de l’Anhui (Est). © Reuters

Cybercafé à Hefei, dans la province de l’Anhui (Est). © Reuters

Publié le 31 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

Une dizaine de jeunes garçons au garde-à-vous dans la cour d’une base militaire de Pékin. Ce ne sont pas de nouvelles recrues de l’Armée populaire, mais des patients en cure de désintoxication. Ils ont été envoyés ici par leurs parents pour soigner leur addiction à… internet. « Nos entraînements les contraignent à se discipliner, explique Tao Ran, le directeur du centre. On leur donne de bonnes habitudes. Ils peuvent apprendre l’esprit d’équipe et à mieux communiquer avec les autres. »

Chaque année, un millier d’accros sont ainsi pris en charge. Les responsables de la base se targuent d’un taux de « guérison » de 70 %. Au programme : marche au pas, parcours du combattant et soutien psychologique. « Habitués à une vie plutôt facile, ils n’ont jamais connu ce genre de conditions. Alors, ça les fatigue », commente Jiang Yandong, l’un des instructeurs. Un euphémisme. En guise de thérapie, le programme a longtemps eu recours aux électrochocs. L’été dernier, un adolescent est mort à la suite de mauvais traitements. Depuis, ces méthodes brutales ont été interdites.

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Plus de 1 000 euros par mois

Cette caserne-là est directement gérée par l’armée, mais il existe plus de quatre cents cliniques privées à travers le pays. Depuis que le gouvernement a annoncé son intention de légiférer pour faire de l’addiction au Net une « maladie mentale avec obligation de se soigner », on se bouscule sur ce marché très lucratif. Le traitement est coûteux : plus de 1 000 euros par mois. Or plus de 25 millions de Chinois seraient concernés. Soit 17 % des jeunes internautes…

« Les jeux vidéo, c’était comme un refuge, raconte Li Shi Qi, 16 ans. Je fuyais mes responsabilités. C’est pour ça que j’allais au cybercafé. Ici, j’apprends à faire face aux réalités. » « Je suis là depuis près de quarante jours, renchérit Quan Heng, 14 ans. Au début, je le prenais vraiment mal… »

« Nous leur montrons que leur addiction est souvent liée à un problème familial », précise Tao Ran. Au pays de l’enfant unique, ces « petits empereurs » sont souvent trop gâtés. Ils passent de longues heures sur internet, généralement pour jouer en ligne. En un an, le nombre de ces joueurs en réseau a augmenté de 38 %.

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Avec 450 millions d’internautes, dont 60 % ont moins de 23 ans, ce type d’établissement a donc le vent en poupe. Les médias officiels présentent l’addiction à internet comme une menace pour la nation. Récemment, un jeune est mort d’épuisement dans un cybercafé. Il avait passé trois jours, sans dormir, à jouer sur la Toile.

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