Six personnalités kényanes dans le viseur de la CPI

Six personnalités ont été convoquées à La Haye, le 7 avril, pour s’expliquer sur le rôle qu’elles auraient joué dans la préparation des violences qui ont suivi l’élection de 2007.

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Publié le 4 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

Seront-ils tous les six dans les locaux de la Cour pénale internationale (CPI), le 7 avril prochain ? Ils y sont en tout cas convoqués. Les juges ont ordonné la tenue de deux audiences de comparution initiale pour des personnalités soupçonnées d’avoir joué un rôle dans l’organisation des violences postélectorales au Kenya, en décembre 2007. Qui sont-elles ? Les plus connues lorgnent déjà la présidentielle de 2012 : le vice-Premier ministre et ministre des Finances, Uhuru Kenyatta, et l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur, William Ruto. Les quatre autres ne sont pas des petites mains : Mohamed Hussein Ali était le chef de la police à l’époque des faits, Francis Muthaura est le bras droit du président Mwai Kibaki, Henry Kosgey a occupé le poste de ministre de l’Industrialisation, et Joshua arap Sang est un journaliste de la radio Kass FM.

Après avoir reçu leurs citations à comparaître, la plupart se sont réjouis de pouvoir enfin clamer leur innocence, à l’instar d’Uhuru Kenyatta, fils du père de l’indépendance. Mais, derrière ces déclarations de façade, nombreux sont ceux qui, au sein même du gouvernement, souhaitent voir ces comparutions repoussées d’au moins un an. Officiellement, il s’agit de permettre au Kenya de juger lui-même ses responsables. Ainsi le vice-président, Kalonzo Musyoka, a mené – en vain jusqu’à ce jour – une bataille diplomatique auprès de l’Union africaine et des Nations unies pour obtenir un report. Deux avocats britanniques, sir Geoffrey Nice et Rodney Dixon, connus pour avoir remis en question le mandat d’arrêt délivré par la CPI à l’encontre du président soudanais, Omar el-Béchir, ont également été embauchés par le gouvernement kényan et s’apprêtent à livrer une rude bataille juridique.

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Accusations et preuves

Pourtant, c’est de la CPI elle-même qu’est venue la critique la plus virulente. Selon le juge allemand Hans-Peter Kaul, les preuves apportées par le procureur Luis Moreno-Ocampo ne permettent pas de qualifier les violences commises au Kenya de « crimes contre l’humanité », selon la définition qu’en donne le statut de Rome. Les attaques, explique-t-il, ont certes été « planifiées » et « organisées », mais ce n’était pas « dans la poursuite de la politique d’un État ou d’une organisation ». Détail subtil qui pourrait justifier un procès au Kenya.

Hans-Peter Kaul estime tout de même suffisantes les preuves contre William Ruto (fourniture d’armes, versement de primes pour l’assassinat de Kikuyus…), Henry Kosgey (promesses d’amnistie pour des crimes), Joshua arap Sang (appel à la violence ethnique), Uhuru Kenyatta (contacts avec le gang criminel Mungiki), Francis Muthaura et Mohamed Hussein Ali (exactions de la police). Et la coalition au pouvoir depuis février 2008 n’a pas, en trois ans, réussi à faire le ménage dans ses rangs. 

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