Querelles ivoiriennes sur l’intervention militaire en Libye
Libye : objectif Kaddafi
Une ingérence intolérable, un « deux poids, deux mesures » inacceptable. Les frappes aériennes occidentales contre la Libye plongent les Ivoiriens dans la perplexité, mais pour des raisons diamétralement opposées selon leur bord politique.
Au sein du camp Gbagbo, on se solidarise avec le régime libyen, notamment parce que l’on redoute d’être mangé à la même sauce par les « nouveaux impérialistes ». Et l’on joue au jeu des analogies : comme la Côte d’Ivoire en 2002, la Libye fait face à une rébellion qui jouit de la « compréhension » des grandes puissances. Les soupçons qui pesaient sur le « Guide », accusé à l’époque d’être l’un des bailleurs de fonds des Forces nouvelles, sont donc oubliés. Et si officiellement l’on ne dit rien, les satellites du pouvoir organisent des manifestations de soutien à Kadhafi. Sur Facebook, les partisans de Gbagbo illustrent leur profil avec une photo du chef de la Jamahiriya…
Côté Ouattara, on se pose une question pleine de frustrations rentrées et de désillusions : pourquoi la Libye et pas la Côte d’Ivoire ? Pourquoi les troupes de l’Onuci ne s’impliqueraient-elles pas directement aux côtés du président reconnu par la communauté internationale alors que l’aviation des pays riches vole au secours des insurgés de Cyrénaïque ? Pourquoi les hélicoptères de combat des Casques bleus ne neutraliseraient-ils pas les armes lourdes de l’adversaire ? « L’offensive aérienne contre le dirigeant libyen prouve une chose : notre civilisation peut se passer du cacao, pas du pétrole », écrit ainsi André Silver Konan, chroniqueur du Nouveau Réveil, un quotidien pro-Ouattara.
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