Paris, un allié de poids pour la Tunisie

En finançant le secteur depuis 1998, la France, à travers l’Agence française de développement, reste le premier bailleur de fonds de Tunis. Les entreprises hexagonales, quant à elles, piétinent.

7 mars, Nathalie Kosciusko-Morizet, à la station d’épuration de Sud Méliane, non loin de Tunis. © Meigneux/Sipa

7 mars, Nathalie Kosciusko-Morizet, à la station d’épuration de Sud Méliane, non loin de Tunis. © Meigneux/Sipa

Publié le 6 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

Eau : l’assainissement, nouvelle urgence
Issu du dossier

Eau : l’assainissement, nouvelle urgence

Sommaire

Depuis 1995, année qui a vu l’arrivée du groupe Suez dans l’activité de désalinisation de l’eau de mer dans le golfe de Gabès, les entreprises françaises spécialisées dans le secteur de l’eau sont à la peine en Tunisie. Un exemple : en 2008, le groupe Veolia n’a pas su remporter l’appel d’offres pour la réalisation, entre autres, de la station d’épuration d’El Attar II, à Tunis-Ouest (un projet de plus de 66 millions d’euros). Malgré tout, Paris reste un partenaire stratégique pour Tunis dans les domaines de l’eau et de l’assainissement, notamment à travers l’Agence française de développement (AFD). Il est vrai que le pays, confronté à une forte pression démographique, aurait tort de se priver de cet appui.

Adapter les infrastructures

la suite après cette publicité

De fait, la population tunisienne a doublé en moins de trente ans. Parallèlement, un exode rural massif a donné lieu à une concentration urbaine importante sur le littoral tunisien. Les infrastructures, dont l’assainissement (c’est-à-dire la collecte, le transport et le traitement des eaux usées domestiques et industrielles), doivent s’adapter à cette implosion urbaine. Afin de relever ce défi, l’Office national de l’assainissement (Onas) a prévu, pour la période 2010-2014, un programme d’investissements à hauteur de 440 millions d’euros.

À ce titre, de nombreux bailleurs de fonds étrangers se sont mobilisés, dont le groupe bancaire allemand KFW, la Banque européenne d’investissement (BEI), la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (Bird), la Banque africaine de développement (BAD) et l’AFD. Cette dernière, qui apporte un appui au secteur tunisien de l’assainissement depuis 1998, concentre à elle seule 21 % des financements extérieurs dans le secteur, plaçant ainsi la France au rang de premier bailleur étranger. Et les visites officielles françaises, qui se succèdent, témoignent de la volonté de Paris de conserver cette place.

En décembre 2010, Dov Zerah, le directeur de l’AFD, est venu visiter la station d’épuration d’El Attar I (financée par l’agence), tandis que le 7 mars, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre française de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, a affirmé à Tunis que des actions de soutien technique seront mises en place. Dans ce cadre, la France s’engage à mettre à disposition du gouvernement tunisien des ingénieurs et des inspecteurs de l’environnement, cela afin d’aider et d’accélérer la mise en œuvre ou la poursuite de certains projets.

Plus de 1 000 quartiers visés

la suite après cette publicité

En ligne de mire, notamment : les zones défavorisées. Quelque 134 millions d’euros d’investissements mobilisés par l’AFD sont déjà consacrés à l’assainissement des quartiers populaires et des localités rurales, ainsi qu’à la réhabilitation et à l’extension des infrastructures existantes. À terme, ce sont 1 008 quartiers qui auront bénéficié des fonds français pour la mise en place ou la remise en état des installations sanitaires, soit 208 000 logements hébergeant 1,4 million d’habitants.

Et la coopération entre l’AFD et l’Onas – unique interlocuteur tunisien de l’institution française – ne s’arrête pas là. Un prêt de 80 millions d’euros vient d’être accordé pour financer les réseaux d’assainissement et le renforcement des capacités. À cela s’ajoute un second prêt souverain de 18,5 millions d’euros, pour la mise à niveau des stations d’épuration. Il ne manque plus que les entreprises hexagonales, qui piaffent de pouvoir profiter de tous ces fonds français.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Dans le même dossier

L’usine de Yato, mise en service en juin 2010, produit 50 000 m3 d’eau par jour. © Camwater

Cameroun : deux partenaires sur la brèche