Claude Jamati : « La croissance démographique est un problème majeur »

Pour cet expert international, les budgets consacrés à l’assainissement doivent être accrus. Il s’agit notamment d’accompagner l’urbanisation galopante du continent.

Claude Jamati est membre du comité de direction de l’Association africaine de l’eau. © André Rigaud

Claude Jamati est membre du comité de direction de l’Association africaine de l’eau. © André Rigaud

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 6 avril 2011 Lecture : 2 minutes.

Eau : l’assainissement, nouvelle urgence
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Eau : l’assainissement, nouvelle urgence

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Jeune Afrique : Lors de la réunion des instances de l’Association africaine de l’eau, du 28 février au 4 mars à Douala, le thème de l’assainissement était au cœur des préoccupations. Quelle est aujourd’hui la situation ?

Claude Jamati : Elle est très variée. Au Maroc, plus de 80 % des foyers sont raccordés à des installations d’assainissement, quand au Tchad il y aurait moins de 50 000 branchements à l’eau. Tout se joue sur la volonté politique : il est de la responsabilité des gouvernements de tout mettre en œuvre pour améliorer un secteur dont les déficiences, à travers l’eau contaminée, sont responsables de 80 % des maladies. Aujourd’hui, moins de 0,5 % des PIB est consacré à l’assainissement. Les Objectifs du millénaire pour le développement ne seront pas atteints avant un siècle si les budgets ne sont pas significativement augmentés, entre 3 et 30 fois suivant les pays.

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Existe-t-il néanmoins des modèles de réussite ?

Oui, bien sûr. Au Burkina Faso, par exemple, avec l’Onea [Office national de l’eau et de l’assainissement, NDLR]. Grâce à un programme national, le nombre d’abonnés a été multiplié par trois à Ouagadougou depuis 2006. En outre, la bonne gouvernance et la stabilité des dirigeants de l’office [aujourd’hui Harouna Yamba Ouibiga] ne sont pas étrangères à ces bonnes performances. Trop de sociétés souffrent d’une succession trop rapide de leurs dirigeants et des compétences approximatives de leurs cadres. L’Onea, c’est trois directeurs généraux en vingt ans… Qu’il s’agisse de la gestion ou de la stratégie, la société est à citer en exemple. La Sénégalaise des eaux est une autre réussite, cette fois-ci dans le privé. Ce sont toutes deux des sociétés qui ont le sens du service, avec des gens motivés. D’autres pays, comme l’Ouganda, progressent, alors que la situation ailleurs reste généralement très difficile, notamment en RD Congo.

L’Afrique connaît une démographie et une urbanisation galopantes. Quel est l’impact de ces deux phénomènes sur le secteur ?

La croissance démographique exceptionnelle est effectivement un problème majeur pour le secteur de l’eau. Et la situation est extrêmement critique pour les villes de taille moyenne, car elles accusent non seulement une forte croissance de leur population, mais, en outre, elles n’ont que peu de moyens. À ce titre, le Maroc a bien géré le problème, en recourant à une décentralisation pas trop poussée, en fonction des moyens des collectivités.

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Parfois, les relations entre les entreprises privées et les États sont compliquées. Public et privé doivent-ils travailler autrement ?

Je ne sépare pas le public du privé : les deux sont indispensables. Il faut juste qu’ils soient menés par un bon chef d’orchestre, en l’occurrence l’État. Mais précisons tout de même que les partenariats public-privé ne sont pas la règle en Afrique. Les sociétés publiques demeurent prépondérantes, mais elles doivent gagner en efficacité. Afin de limiter les lourdeurs salariales et administratives, elles peuvent recourir à des PME locales. Cela créerait en outre des emplois et dynamiserait tout un secteur.

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Propos recueillis par Michael Pauron.

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