Des Sénégalais esprits d’entreprises

Enfants du cru ou de la diaspora, patrons de PME ou dirigeants de grands groupes, ils font bouger l’économie sénégalaise.

Aïssatou Diagne Déme est DG de « La maison du consommer sénégalais » à Dakar. © Youri Lenquette pour J.A.

Aïssatou Diagne Déme est DG de « La maison du consommer sénégalais » à Dakar. © Youri Lenquette pour J.A.

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Publié le 4 avril 2011 Lecture : 3 minutes.

Le Sénégal peut-il bousculer ses concurrents ?
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Le Sénégal peut-il bousculer ses concurrents ?

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Aïssatou Diagne Déme

Directrice générale de La Maison du consommer sénégalais.

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Une préférence nationale

Aïssatou Diagne Déme est depuis dix-sept ans à la tête de La Maison du consommer sénégalais, une entreprise familiale basée à Dakar, qui transforme des produits locaux. De loin, la PME ressemble à une boutique, comme celles, en tôle, qui se trouvent au bord des rues. En fait, il y a là une soixantaine d’employés et plusieurs unités de transformation de céréales. Âgée de 58 ans, la directrice a déjà roulé sa bosse en créant une agence de prestation de services, puis en important des vêtements. « En 1994, après la dévaluation du franc CFA, j’ai pensé à me reconvertir dans les produits locaux, pour ne plus être tributaire de l’extérieur », explique-t-elle. Et c’est donc sur sa terrasse qu’elle a commencé à transformer les aliments du cru. Aujourd’hui, si les ventes n’augmentent plus, c’est que l’entreprise n’est pas assez développée pour satisfaire la demande de ses clients. Car Aïssatou Diagne Déme exporte 80 % de sa production. Destination : l’Europe et la diaspora africaine, friande, notamment, de thiacry (dessert à base de lait caillé et de mil). Son prochain projet : « Monter un supermarché africain à Dakar, avec des produits locaux de qualité. »

Ameth Amar

 
PDG de la Nouvelle Minoterie africaine, NMA.
© Antoine Tempé pour J.A.

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Des pâtes, oui mais des Pastami

« J’ai constitué mon capital de départ, il y a plus de trente ans, en retapant une vieille auto. Sa vente m’a permis de démarrer », se rappelle cet autodidacte de 50 ans. Ameth Amar a bâti un empire agro-industriel de 30 milliards de F CFA (près de 46 millions d’euros) de chiffre d’affaires. Spécialisée dans les farines boulangères et les aliments pour animaux, l’entreprise produit aujourd’hui 200 tonnes de farine de blé par jour. Il est loin, le temps où son PDG était un petit opérateur sur le port de Dakar… Ameth Amar a aujourd’hui de nouvelles ambitions. Lancée il y a un an, sa nouvelle usine de pâtes alimentaires – Pastami –, dotée de machines italiennes, produit déjà 40 t de pâtes par jour, qui ont investi toutes les grandes surfaces de la capitale. Objectif ? Devenir aussi le fabricant de marques de grandes enseignes comme Casino. Où s’arrêtera-t-il ?

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Algor Bocoum


Directeur de The Resource Group (TRG) Customer Solutions Sénégal.
© Youri Lenquette pour J.A.

Retour aux sources

À 39 ans, le directeur de la deuxième entreprise de sous-traitance en ressources humaines du Sénégal a déjà une longue expérience dans le secteur. Diplômé en sciences sociales, ce Français d’origine sénégalaise est de retour sur la terre qui a vu naître ses parents, fort de sept années d’expérience au sein de Teleperformance, l’un des plus importants groupes mondiaux de gestion des relations clients et de centres de contacts délocalisés (268 centres dans 50 pays), qui l’emploie de 2002 à 2009 et pour lequel il passera trois ans en Tunisie entre 2003 et 2006… Le temps de lui donner l’envie de continuer à travailler sur le continent. « J’étais à un carrefour de ma carrière, explique-t-il. J’ai surtout senti une véritable opportunité tant pour mon projet professionnel que pour ma qualité de vie. De toute manière, dans notre métier, où le coût des ressources humaines est essentiel, l’avenir ne se trouve plus en Europe. » Et le Sénégal, pour Algor Bocoum, a toutes les qualités requises.

Thiendiaté Bouyo Ndao


Directeur général de Suneor.
© Antoine Tempé pour J.A.

Sans compromis

Saura-t-il restaurer la confiance entre la première société agro-industrielle du pays et les cultivateurs d’arachide ? En choisissant Thiendiaté Bouyo Ndao comme nouveau directeur général, l’huilier Suneor entend profiter de l’image de cet enfant du pays, mais aussi de l’expérience acquise par ce diplômé de Sup de Co Rouen (en France). Après une douzaine d’années passées au sein du cabinet de consultants Ernst & Young, ce fils d’un haut fonctionnaire sénégalais se dirige vers les assurances, avant de rejoindre Suneor en 2007 au poste de directeur financier. À 43 ans, « Detchie », dont la nomination a été annoncée en septembre, est le sixième directeur général en cinq ans. On dit de lui qu’il n’est pas un homme de compromis ou d’accointance avec les milieux politiques ; il est décrit comme pragmatique, proche des gens et de ses racines.

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