Agriculture : les fruits de la Goana
Si la Grande Offensive agricole pour la nourriture et l’abondance produit ses premiers effets, le chemin vers l’autosuffisance alimentaire est encore long.
Le Sénégal peut-il bousculer ses concurrents ?
Eugène Faye, directeur général de la Société d’études et de réalisation des phosphates de Matam, en est un adepte inconditionnel : la Grande Offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana), lancée en 2008 en grande pompe par le président Abdoulaye Wade, lui a permis d’investir dans une usine de granulés phosphatés (utilisés comme engrais) d’une capacité de 25 000 tonnes par an, inaugurée en janvier 2010. Accroître l’utilisation des intrants – dont les engrais – était l’un des objectifs de la Goana. En échange de la prise en charge d’une partie des 2 milliards de F CFA (3 millions d’euros) d’investissements nécessaires pour son usine, Eugène Faye a fourni gratuitement en 2010 l’ensemble de sa production, soit 20 000 t de granulés.
Chiffres contestés, annonces hasardeuses (« le pays est autosuffisant », avait lancé le chef de l’État lors du Forum social mondial de Dakar en février)… Où en est la Goana, ambitieux programme de plus de 344 milliards de F CFA – attribution de terres, fourniture d’équipements, subvention des intrants – à destination d’un secteur qui représente 8 % du PIB et 60 % des emplois ? À l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), l’optimisme est de mise. Le centre a planché sur la production de semences prébases améliorées – céréales, riz, arachide. « Nous pensons que l’autosuffisance alimentaire peut être atteinte en 2012 », annonce Alioune Fall, directeur scientifique. Avec une production de riz de 320 000 t, contre 200 000 t deux ans plus tôt, on reste cependant encore loin de l’objectif de couvrir les besoins annuels du pays, qui tournent autour de 800 000 t.
Si les attributions de terre ont progressé, atteignant 98 000 ha exploitables dans la vallée du fleuve Sénégal, dont 2 500 ha viabilisés en 2010, le pays reste loin de son potentiel : 25 0000 ha rien que pour cette zone, qui va bénéficier d’un nouveau programme hydraulique, estimé à 94,9 milliards de F CFA.
Le stockage, la transformation (décorticage) et l’acheminement des productions restent les points d’achoppement. Pour y remédier, le ministre du Commerce, Amadou Niang, a soutenu la création, en novembre, de la Société de promotion et de commercialisation du riz local (SPCRL), dotée d’un capital de 500 millions de F CFA réparti entre tous les acteurs du secteur, y compris les importateurs. Un moyen d’investir ces derniers, qui voyaient d’un mauvais œil la Goana.
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