Urbanisation : planification de la capitale sénégalaise

Après des années d’expansion anarchique de l’agglomération, la stratégie de développement du Grand Dakar commence à prendre forme.

Un quart de la population s’entasse sur 0,28 % du territoire national. © AFP

Un quart de la population s’entasse sur 0,28 % du territoire national. © AFP

Publié le 4 avril 2011 Lecture : 4 minutes.

Le Sénégal peut-il bousculer ses concurrents ?
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Le Sénégal peut-il bousculer ses concurrents ?

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Dakar étouffe. Dakar refuse du monde. Et Dakar souffre de problèmes environ­nementaux. Large de seulement 550 km², la « presqu’île-capitale », ceinte par l’océan Atlantique, représente 0,28 % du territoire national, mais abrite désormais 25 % de la population sénégalaise. Les Dakarois étaient 500 000 en 1967, 2,4 millions en 2004 et sont près de 4 millions aujourd’hui.

Un prodigieux boom démographique qui ne doit rien au hasard. Il est la conséquence logique de l’exode rural lié à l’abandon des activités agricoles, de l’absence de politique nationale d’aménagement du territoire et de la concentration dans la capitale de l’activité et des revenus (plus de 60 % de l’économie globale). Si la croissance accélérée de sa population était prévisible, l’agglomération dakaroise s’est pourtant laissée dépasser par la situation.

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La métropole s’est étendue de façon anarchique, sans plan d’urbanisme ni planification à court, moyen ou long terme. Le non-respect des règles urbanistiques les plus élémentaires a engendré la création de bidonvilles, l’apparition sur des zones de captage de constructions emportées par les flots à chaque hivernage, une pression intenable sur les réseaux (téléphone, électricité, eau courante) et sur l’ensemble des infrastructures…

Phare de l’Afrique de l’Ouest

Depuis son accession à la tête de l’État en mars 2000, Abdoulaye Wade a procédé à la mise en œuvre du Programme d’amélioration de la mobilité urbaine (Pamu) conçu par le régime de son prédécesseur, Abdou Diouf. Le paysage urbain s’en est ressenti. Dakar s’est embelli et a rajeuni, avec notamment la construction de routes modernes sur les artères principales, de ponts et d’échangeurs, ou la remise à neuf du réseau d’éclairage public. Le boom de l’immobilier et la création de nouveaux quartiers résidentiels (Sacré-Cœur 3, Liberté 6 Extension, Almadies Zone 7…) ont redoré le blason de la ville, qui a repris sa place historique de phare de l’Afrique de l’Ouest.

Ce polissage ne s’est toutefois pas opéré sans problème. Manque de maîtrise de l’espace urbain, spéculation foncière, surpopulation, crise du logement social, dégradation du cadre de vie, développement anarchique d’activités économiques… Face à cette spirale alarmante, l’ONU-Habitat et Cities Alliance (une coalition mondiale de villes et de partenaires de développement pour éradiquer les bidonvilles) ont mis sur les rails un projet de « Stratégie de développement urbain du Grand Dakar ».

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En amont du projet, il s’agissait d’asseoir un véritable leadership des collectivités locales – dont les prérogatives et ambitions étaient jusqu’à présent floues par rapport à celles de l’État central – dans la gouvernance métropolitaine, afin de rationaliser la planification à l’échelle de l’agglomération du Grand Dakar. L’adoption de la stratégie de développement urbain doit donc désormais clairement relever de l’Entente Communauté des agglomérations de Dakar-Communauté des agglomérations de Rufisque (Entente Cadak-Car), présidée par le maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall. Cette instance regroupe l’ensemble des collectivités locales de la région-capitale : les villes de Dakar, Pikine, Guédiawaye et Rufisque, les communes de Diamniadio, Bargny et Sébikotane, ainsi que les communautés rurales de Sangalkam et de Yène.

Hanoi pour modèle

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Les 3 et 4 mars 2010, les autorités de toutes ces entités se sont réunies pour élaborer un plan d’actions prioritaires, une évaluation financière, ainsi qu’une stratégie de recherche de financements et de partenaires. À l’horizon 2025, comme le souligne Khalifa Sall, l’objectif est de « rétablir l’équilibre entre croissance économique, respect de l’environnement et équité sociale » dans l’agglomération.

Les acteurs du futur Grand Dakar ont en effet pris conscience qu’il était indispensable de se recentrer sur les principes du développement durable et participatif, et la formulation du projet résulte d’une concertation avec la population, organisée à travers des forums communautaires. Parmi les recommandations issues des débats entre habitants et élus locaux, certaines sont récurrentes. Les Dakarois réclament la création de nouveaux espaces verts, la destruction des quartiers précaires bâtis sur les zones de captage, l’installation d’un véritable réseau ferroviaire, la mutation de la banlieue en un tissu de villes-satellites interconnectées, la réalisation d’un nouveau réseau d’assainissement, la mutualisation des moyens pour créer des services publics de transport, de collecte des ordures, de sécurité, etc.

Les élus locaux se sont par ailleurs entendus pour prendre la capitale vietnamienne comme modèle, et c’est donc le « Hanoi Master Plan to 2030 and vision to 2050 » qui inspire désormais la stratégie de développement urbain du Grand Dakar. Sortie meurtrie de décennies de guerre, Hanoi a réussi sa mutation en un temps record. En 2008, des projets immobiliers y ont attiré des investissements de l’ordre de 28 milliards de dollars (environ 20 milliards d’euros) et la superficie de la ville a triplé après avoir absorbé la province du Ha Tay et des communes limitrophes.

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